Prison : "Les unités de prévention de la radicalisation sont une coquille vide" (SNP-FO pénitentiaire)
Comme d'autres de ses compères, Philippe Campagne, secrétaire national du syndicat SNP-FO pénitentiaire, s'est exprimé à propos du souhait de Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice, de renforcer la sécurité dans les prisons.
Philippe Campagne, secrétaire national du syndicat SNP-FO pénitentiaire, était l'invité de franceinfo ce dimanche. Il s'exprimait sur les annonces du garde des Sceaux. Jean-Jacques Urvoas souhaite renforcer la sécurité dans les prisons et notamment dans les unités de prévention contre la radicalisation. Il y en a cinq actuellement en France.
franceinfo : Les changements fréquents de cellule, des rotations systématiques, la multiplication des fouilles, est-ce une nécessité?
Philippe Campagne : Bien entendu, c'est une nécessité. Nous connaissions cela il y a quelques années et au gré des divers responsables politiques nous avons décliné sur une philosophie beaucoup plus souple. Notamment depuis les règlements pénitentiaires européens, toutes ces pratiques pénitentiaires ont disparu malheureusement.
Est-ce que cela veut dire que les conditions de détention des détenus radicalisés sont insuffisantes?
Bien entendu. Ces unités dédiées que l'on appelle UPRAD (unités de prévention de la radicalisation) sont vides de sens. C'est une coquille vide. C'est pour cela qu'aujourd'hui, il y a toute une profession qui est en colère. Depuis l'agression à la prison d'Osny (Val-d'Oise), il y a des surveillants pénitentiaires qui ont peur pour leur vie et qui ont l'impression de ne pas être entendus. Monsieur Urvoas a fait des annonces, ce serait bien qu'on aille beaucoup plus loin que des annonces et qu'on aille au fond des choses.
Est-ce que cela veut dire qu'il faut supprimer ces unités de prévention ?
Il n'y a pas besoin de les supprimer parce qu'elles n'existent pas vraiment. C'est un beau laboratoire, ce sont des effets d'annonce.
Quel type de détention faut-il pour ces détenus radicalisés ?
Nous, nous proposons un établissement qui isolerait vraiment ces 'radicalisateurs'. Je sais que cela ne plaît pas à des personnes comme madame Adeline Hazan, la contrôleuse des prisons, mais quand on n'a pas de solution, on essaie d'isoler ces gens-là. À l'heure actuelle, on nous dit que si on avait qu'un seul établissement pour regrouper tous ces radicalisés, ce serait une véritable poudrière. En bon professionnel que je suis, je peux vous dire que ça, on sait faire. Aujourd'hui, il y a plus de 188 poudrières en France. Tous les établissements essayent de gérer cette radicalisation avec aucun moyen financier aloué à la sécurité et avec une philosophie qui est illogique.
Certains estiment que ces unités risquent de créer des foyers de radicaux. Est-ce un danger et est-ce que le danger ne sera pas plus important si on les isole complètement ?
Non, nous ne pensons pas ça du tout. Là, nous proposons une unité où nous isolerons ces gens-là avec divers secteurs parce que quand on parle d'un radicalisé, on parle d'un humain qui a dévié mais qui est différent d'un autre 'radicalisateur'. Dans ces unités, dites sécurisées, où l'on aurait des quartiers disciplinaires, des quartiers de haute sécurité parce que nous avons des gens borderline en face de nous. Nous aurions aussi, à côté, des unités d'analyses et nous pourrions étudier chacun des radicalisés pour ensuite, les dispatcher en France dans d'autres établissements qui seront adaptés à eux. Le fait de les isoler dans de vraies unités dédiées ferait que l'on arriverait à canaliser voire stopper au moins la radicalisation dans tous les établissements.
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