Cet article date de plus de trois ans.

Info franceinfo Un brancardier se fait passer pour un étudiant en médecine et prescrit des médicaments aux patients

Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un post sur le profil Facebook de l'individu qui se faisait passer pour un étudiant en médecine.  (CAPTURE D'ÉCRAN)

Le brancardier, âgé de 20 ans, a assuré des gardes et assisté à des opérations avant d'être repéré par des médecins.

L’AP-HP vient de saisir le procureur de la République de Nanterre après avoir identifié un faux étudiant en médecine, a appris franceinfo de sources concordantes. Âgé de 20 ans, cet ancien brancardier des hôpitaux de Paris a été démasqué courant février par les services de l’AP-HP et l’administration de l’Université de Paris après avoir prescrit des médicaments à des patients et pénétré dans le bloc opératoire lors d’interventions chirurgicales. Saisi le 19 février dernier, le parquet des Hauts-de-Seine a ouvert une enquête préliminaire et saisi la Brigade parisienne de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Il berne l'université et l'hôpital

Originaire de Rouen, K. F. a commencé à se faire passer pour un étudiant de la fac de médecine de Paris-Descartes (Paris V) lors de la rentrée universitaire 2020, alors qu’il était simultanément employé par l’AP-HP comme brancardier sur le site du CHU de Saclay (Essonne). Muni d’une fausse carte d’étudiant, le jeune homme a berné l’administration de l’université Paris V en prétendant avoir effectué sa première année préparatoire (Paces), obtenu son concours et effectué sa deuxième année (PCEM2) à la faculté de médecine de Rouen. Assistant à distance aux cours, le faux étudiant s’est fondu dans la masse des futurs médecins en nouant des relations amicales au sein de sa fac et en intégrant plusieurs associations étudiantes. Il n’a pas participé aux partiels de sa faculté organisés en présentiel début janvier en prétextant avoir été atteint du Covid-19.

Le faux étudiant en médecine a apparemment été détecté par des médecins alors qu’il effectuait un stage à l'hôpital Saint-Anne spécialisé en psychiatrie. Selon nos informations, lors de ce passage dans le centre hospitalier, K. F. est entré en relation directe avec des patients et leurs familles en se faisant passer pour un médecin, leur fournissant de fausses informations. Pire, le jeune homme a prescrit à plusieurs reprises des neuroleptiques à des patients (chlorpromazine), comme le confirme un message d’alerte envoyé par l’AP-HP à ses cadres qu’a pu consulter franceinfo.

Un message d'alerte communiqué aux hôpitaux

Pour réaliser ces prescriptions via le logiciel dédié Orbis, K. F. disposait de codes et identifiants subtilisés à des praticiens. Le faux étudiant en médecine a également assuré des gardes et pénétré à plusieurs reprises dans le bloc opératoire de l'hôpital Cochin et assisté à des interventions en se présentant comme externe. Sur son profil Facebook, K. F. publie ainsi, en novembre puis en décembre 2020, des photos prises lors d’interventions.

Le parcours du faux étudiant a été interrompu à la mi-février. Convoqué pour un faux prétexte par le doyen de l'université Paris-Diderot en personne, l’étudiant avait apporté toute une série de faux justificatifs. Selon une source proche du dossier, l’étudiant n’a pas fait l’objet d’une interpellation et il aurait renouvelé ses agissements depuis son signalement à la justice, mi-février.

Contactée par franceinfo, l'AP-HP confirme avoir identifié cet individu et signalé ces agissements au parquet de Nanterre sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale. Les hôpitaux de Paris ont récemment alerté l'ensemble des cadres hospitaliers en diffusant un message interne comportant l’essentiel des faits, la photo, l’identité du brancardier et la consigne de lui interdire tout accès à leurs services. Une enquête interne a notamment permis de faire des recoupements et de retracer son parcours. Contacté par franceinfo, le doyen de l’UFR de médecine de l’université de Paris n’a pas encore donné suite à nos questions.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.