Manque de personnel dans la restauration : "Le secteur d'activité prend conscience qu'il faut changer les conditions de travail", explique la CFDT
Alors que les terrasses vont rouvrir à partir de demain, le secteur de la restauration a connu une importante perte de main d'oeuvre depuis le début de la pandémie.
"Le secteur d'activité prend conscience qu'il faut changer les conditions de travail", a déclaré mardi 18 mai sur franceinfo Olivier Guivarch, secrétaire général de la Fédération des services CFDT alors que les bars, les cafés et les restaurants se préparent à la réouverture des terrasses. Cependant, après un an d'inactivité, 110 000 personnes environ ont quitté ce secteur d'activité aux conditions de travail difficiles.
franceinfo : Comment faire pour que le monde de la restauration garde son personnel ?
Olivier Guivarch : ll y a beaucoup de situations, de conditions de travail dégradées, avec parfois une culture d'entreprise qui pose des difficultés. Je crois que ce secteur d'activité prend conscience qu'il faut changer les conditions de travail, la culture des métiers pour que les conditions de travail soient meilleures, pour garder tout simplement ces emplois, parce que pour les entreprises, c'est une nécessité d'avoir du personnel formé. On pense souvent que les métiers de la restauration sont des métiers qui sont peu qualifiés, hormis éventuellement le chef cuisinier. C'est tout à fait faux. Il faut des compétences très particulières pour manager une salle, pour servir des clients, pour être à leur écoute, pour comprendre leurs demandes, les orienter, pour aider en cuisine. Chaque métier a des compétences très particulières.
Que faudrait-il changer ?
Pour les saisonniers, c'est d'abord et avant tout une reconnaissance salariale. Il faut absolument améliorer le pouvoir d'achat des saisonniers, d'autant plus qu’il y a une réforme de l'assurance chômage que la CFDT combat et dénonce qui pourrait être mise en œuvre. Les saisonniers seront les premiers concernés par la réforme de l'assurance chômage, qui doit entrer en vigueur au 1er juillet. Donc, il faut absolument faire que ces saisonniers soient assurés d'être mieux payés. C'est pour ça que nous revendiquons une prime de précarité pour l'ensemble des contrats de courte durée, y compris les contrats saisonniers. Et puis, pour améliorer aussi la qualité de l'emploi et la durabilité, il faudrait aussi assurer le renouvellement du contrat de travail saisonnier. Une forme de garantie de réembauche d'une saison à l'autre. Cela existe dans certains secteurs. Nous pouvons négocier dans toute la branche.
Les saisonniers connaissent-ils leurs droits ?
Les saisonniers dans la durée qui sont saisonniers chaque année connaissent leurs droits, leur secteur d’activité. Ce sont les salariés les mieux formés sur lesquels les employeurs peuvent compter. L'employeur ferait une grosse erreur de perdre un salarié qui a envie de travailler, qui aime son travail, qui est formé et compétent. C'est une perte et ça peut se ressentir sur le chiffre d'affaires. On ne va pas revenir dans un établissement où les salariés ne sont pas assez bien formés ou ne sont pas assez bien traités. Les plus jeunes saisonniers ont des difficultés pour connaître leurs droits. Et c'est pour cela aussi que nous essayons d'étendre le plus possible les maisons des saisonniers pour être au plus près des travailleurs saisonniers. Et nous envisageons aussi à la CFDT une maison des saisonniers virtuels accessible par Internet pour avoir un maximum de droits.
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