: Vidéo Les moments qui ont changé la vie de Didier Drogba
Son départ de l'OM, sa rencontre avec Pape Diouf... Didier Drogba raconte les moments qui ont changé sa vie.
Son départ de la Côte d'Ivoire à 5 ans
Didier Drogba : Ça a été un déchirement, même si c'était ma volonté de partir en Europe avec mon oncle qui venait en vacances de temps en temps, qui était joueur professionnel à l'époque, et donc quand je le voyais, j'avais les yeux qui brillaient. Mais c'est aussi une volonté de mes parents... Mon père m'a confié à son jeune frère qui vivait en Europe pour que j'aie plus d'opportunités et plus de chances pour réussir dans ma vie. Et c'est plus tard, quand j'ai commencé à jouer au football, que mes parents n'étaient pas forcément pour, puisqu'à l'époque, un footballeur professionnel n'était pas un métier reconnu comme il peut l'être aujourd'hui. Alors voilà, j'ai dû persévérer, j'ai dû montrer qu'on pouvait allier études et football, jusqu'au jour où mon moment est arrivé, et puis là, tout a décollé. Oui, ça a été un moment très, très, très difficile. C'est effectivement un des moments qui m'a le plus marqués dans ma vie, mais à l'époque, sur le moment c'était douloureux, c'était difficile, mais avec le temps c'est devenu une force, une capacité d'adaptation et de résilience qui m'a permis de franchir beaucoup d'épreuves dans ma vie.
Son appel à la paix en 2005
Didier Drogba : Pour la première fois dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, on se qualifie pour une Coupe du Monde... Un petit pays de 24 ou 23 millions d'habitants, à l'époque, qui se qualifie pour une Coupe du Monde, c'était quelque chose d'exceptionnel. Mais le contexte au pays était assez difficile, les gens ne se parlaient plus, le pays était divisé en deux, avec une partie rebelle et puis une partie républicaine. Alors que nous, joueurs, lorsqu'on se retrouvait, il n'y avait pas d'ethnie, il n'y avait pas toutes ces barrières-là, on était ensemble, on était réunis, pour un même but : pour représenter la Côte d'Ivoire. Et cet appel était juste un appel à la paix. En tant qu'Ivoirien, c'est un citoyen ivoirien qui a pris la parole et qui s'est exprimé. C'était moi, ça aurait pu être un autre... Il se trouve que ce jour-là, c'était moi, en tant que capitaine de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire. Et je peux me vanter de dire que ce message a eu un impact sur la suite des évènements.
Son départ de l'OM
Didier Drogba : Je pense que tout le monde le sait, et c'est très simple : la veille de mon départ pour l'Angleterre, j'ai dit à mon agent de l'époque : "J'y vais pas." Pour vous dire à quel point j'étais prêt à rester dans ce club. Après, j'étais jeune, je découvrais aussi le monde professionnel et son côté business. Son côté... Voilà, il y a une opportunité pour le club, donc il faut que t'y ailles. Donc c'est vrai que ça m'avait marqué, à l'époque, et voilà, ce sont des moments qui marquent une carrière, comme on le dit.
Les insultes dont il a été victime à Fenerbahçe
Didier Drogba : Il y a plusieurs manières de combattre le racisme, à mes yeux. Ça, ce sont des choses personnelles. Le racisme, je ne l'ai pas découvert lors de ce match de Fenerbahçe. Je ne l'ai pas découvert lors des matchs que j'ai pu jouer contre certaines équipes en France, je ne l'ai pas découvert en Angleterre, ni dans tous les autres pays où j'ai pu jouer, où il y a forcément des personnes ignorantes, parce que moi j'appelle ça de l'ignorance. Par contre, là où tu peux, quelque part, marquer les esprits, c'est en étant le meilleur dans ta discipline, dans ce que tu fais. En étant le plus fort, le meilleur. Et moi, c'était ma manière à moi de forcer le respect. C'est-à-dire que : tu ne m'aimes pas à cause de ma couleur de peau, mais t'es obligé de me supporter, t'es obligé de faire avec moi, t'es obligé de m'applaudir parce que je suis fort. Voilà. C'est ma manière à moi de combattre ça et de rendre les personnes racistes un peu moins stupides.
Sa rencontre avec Pape Diouf
Didier Drogba : La rencontre avec Pape Diouf a été déterminante dans la mesure où c'est quelqu'un qui m'a appris le milieu, l'environnement du football de haut niveau, que ce soit les rapports humains entre joueurs, entre joueurs-entraîneurs, entre joueurs-présidents, entre clubs, tout ça. Et aussi le rapport entre joueurs et journalistes. Donc il m'a, inconsciemment, lors de nos appels qui pouvaient durer des heures et des heures, transmis ces choses-là. Donc je lui en serai toujours reconnaissant.
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