Crèches : "Le cas du low-cost implique la responsabilité des mairies, des collectivités et des ministères", selon le journaliste Victor Castanet
"Je raconte les dérives de ce groupe People & Baby qui a trait à l'optimisation des coûts", a affirmé mardi 17 septembre sur France Inter le journaliste d'investigation Victor Castanet, dont le livre-enquête Les Ogres (Flammarion), qui sort mercredi, décrit la "voracité" de certains groupes de crèches privées. Des dérives et une course au remplissage qui ont pu être à l'origine de cas de maltraitances, de burn-out des professionnels engagés sur le terrain ou encore de non-respect du taux d'encadrement.
Parmi les groupes de crèches pointés du doigt, le groupe People & Baby, l'un des géants de la petite enfance, est régulièrement mentionné. Selon le journaliste, l'ensemble "des groupes du secteur (People & Baby, Les Petits Chaperons rouges, Babilou, La Maison Bleu…)", ont "une responsabilité dans cette dynamique de low-cost qui a entraîné une dégradation continue de la qualité d'accueil des enfants".
"Je ne donne de bons points et de mauvais points à personne, il y a des stratégies de développement qui sont très différentes", notamment au niveau de la masse salariale, a-t-il détaillé. "En regardant des audits, j'ai pu constater qu'il y avait une différence de stratégie de développement avec Babilou qui allait voir ceux qui voulaient payer, c'est-à-dire les entreprises comme L'Oréal, Vinci, Bouygues qui sont prêtes à payer 13 000, 15 000 euros par berceau parce qu'ils veulent que leurs salariés soient rassurés quand ils déposent leur enfant dans les crèches", a précisé Victor Castanet. "En revanche, la stratégie des mairies a été de plonger dans le low-cost", a-t-il constaté.
"Des questions qui dépassent très largement la problématique du privé"
"Il y a des questions qui dépassent très largement la problématique du privé" et "je ne dis pas que dans le public tout va bien, et que dans l'ensemble du privé, il y a des dysfonctionnements", a souligné Victor Castanet. "Le cas du low-cost implique la responsabilité des mairies, des collectivités et des ministères", a-t-il assuré, rappelant que le marché de la petite enfance est "ouvert au privé", notamment grâce aux délégations de service public.
"En gestion directe, un berceau, ça coûte à peu près 12 000 euros par an", a-t-il exposé. Des premiers opérateurs privés "sont arrivés avec des offres à 8 000 euros", puis d'autres "qui ont cassé les prix pour conquérir de nouvelles parts de marché" avec des berceaux à "4 000 ou 3 500 euros", a-t-il constaté. "En l'espace de dix ou quinze ans, les prix des berceaux en délégation de service public ont été divisés par trois", a-t-il résumé. "Si les pouvoirs publics mettent trois fois moins d'argent, évidemment, il y a une baisse continue de la masse salariale (…) et après un certains nombres de maires s'étonnent ou mettent la responsabilité sur les groupes privés", a tancé Victor Castanet.
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