Inégalités : "À quatre ans, un enfant défavorisé a entendu 30 millions de mots de moins qu'un enfant de famille aisée"
Florent de Bodman, du groupe de réflexion Terra Nova, a dénoncé sur franceinfo mercredi, les critères d'attribution "très opaques" des places en crèche, et leur système inégalitaire.
Terra Nova ambitionne de renouveler la politique de la petite enfance. Le groupe de réflexion a publié mercredi 31 mai un rapport qui dénonce les inégalités territoriales dans l'accès aux modes de garde.
Florent de Bodman est co-auteur du rapport "Investissons dans la petite enfance. L'égalité des chances se joue avant la maternelle". Ce responsable de projets d'innovation pédagogique en crèche pour l'Agence nouvelle des solidarités actives a expliqué sur franceinfo, qu'à partir de 4 ans, un enfant de famille défavorisée "a entendu, en moyenne, 30 millions de mots de moins qu'un enfant de famille aisée".
Vous dites que les inégalités se creusent dès la crèche, comment le constatez-vous ?
Florent de Bodman : Si on veut éviter les difficultés des enfants à l'école, il faut intervenir avant leur entrée à l'école, donc quand ils sont encore à la crèche. À l'âge de quatre ans, un enfant issu d'une famille défavorisée a entendu en moyenne, 30 millions de mots de moins qu'un enfant de famille aisée. Ces enfants maîtrisent un vocabulaire plus faible et donc dès le départ, les chances de réussite à l'école sont plus faibles.
Quelles sont les conséquences à moyen et à plus long terme pour ces enfants de familles défavorisées ?
Les enfants accueillis dans une crèche de très bonne qualité pédagogique ont deux fois plus de chance d'aller à l'université que des enfants de milieux défavorisés qui n'ont pas été en crèche. Si un enfant est dans une famille défavorisée, seulement 5% de ces enfants ont une place en crèche alors que ce chiffre est de 22% pour les enfants de famille aisée, c'est presque cinq fois plus élevé.
Quelles sont vos recommandations ?
Notre première recommandation est de créer 40 000 places de crèches dans les 5 ans qui viennent dans les zones rurales sous-dotées en crèche et dans les quartiers populaires en créant une aide financière supplémentaire de l'État pour ces crèches. Il y a aussi les critères d'attribution des places qu'il faut prendre en compte, alors que souvent, aujourd'hui, c'est très opaque. Notre deuxième recommandation, c'est donc d'avoir une transparence complète sur les procédures d'attribution des places et aussi de donner plus de poids aux critères sociaux pour l'attribution de ces places. La transparence, c'est le meilleur moyen de mettre tout le monde à égalité. L'État pourrait promouvoir ces méthodes. On a chiffré ce plan à un peu moins de 500 000 millions d'euros.
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