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Pacte républicain contre le chômage : "Cela fait vingt ans que la droite et la gauche sont d'accord", dénonce un député PS frondeur

Pouria Amirshahi, député socialiste membre des "frondeurs", juge sévèrement, mercredi, la proposition de Jean-Pierre Raffarin de mettre en place un "pacte républicain" pour l'emploi entre la droite et la gauche.

Article rédigé par Vincent Matalon - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le député PS Pouria Amirshahi, le 8 novembre 2015 à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à l'occasion du lancement du rassemblement "Mouvement commun". (MAXPPP)

Réunir la droite et la gauche pour faire reculer le chômage ? L'idée d'un "pacte républicain" pour l'emploi, émise par Jean-Pierre Raffarin, mercredi 16 décembre, sur Europe 1, a rencontré un écho favorable au sein de l'exécutif. Sur son compte Twitter, le Premier ministre, Manuel Valls, a soutenu cette idée, alors que le gouvernement prépare, pour janvier, des mesures pour l'emploi.

Sur les bancs de la majorité, pourtant, tout le monde n'est pas emballé. Pouria Amirshahi, député PS de la neuvième circonscription des Français établis hors de France, membre des frondeurs, explique à francetv info pourquoi il considère que cette proposition n'a qu'un intérêt tactique.

Francetv info : Que vous inspire la proposition de "pacte républicain" contre le chômage émise par Jean-Pierre Raffarin ?

Pouria Amirshahi : Je ne connais pas encore les détails de ce projet, et je ne veux pas préjuger de son contenu. Ce que je constate, en revanche, c'est que cela fait vingt ans que la droite et la gauche de gouvernement proposent les mêmes choses d'un point de vue économique et social : baisse du prétendu "coût du travail" - avec des conséquences catastrophiques sur l'emploi -, recul du niveau de protection sociale au nom de la protection d'un modèle français...

Je ne suis pas son interprète, mais je comprends que Jean-Pierre Raffarin souhaite simplement que ceux qui proposent les mêmes solutions depuis vingt ans finissent par l'assumer collectivement. 

Vous ne seriez donc pas prêt à y prendre part...

J'ai certaines convergences avec Jean-Pierre Raffarin, notamment sur des sujets tels que la francophonie ou le droit d'asile. Mais si ses solutions, en matière économique, se résument à substituer la précarité au chômage, alors nous serons en désaccord.

Je constate, par ailleurs, que c'est sous son gouvernement qu'a été amorcé le tournant libéral que nous connaissons aujourd'hui. Et pour quel bilan ? Le nombre de pauvres a-t-il baissé depuis ? Et le nombre de chômeurs ? Et le vote FN ? La France est-elle plus apaisée ? Je ne fais pas preuve de sectarisme à l'égard de Jean-Pierre Raffarin, mais il est difficile de se poser en recours aux problèmes lorsqu'on a participé à les créer.

On a pourtant l'impression que l'idée d'une coalition gauche-droite séduit de plus en plus. Un sondage (PDF), publié au lendemain des régionales, indique même que près de 7 Français sur 10 y seraient favorables...

Mais c'est normal ! Si vous me demandez si je préfère la concorde aux polémiques entre les partis, je vous répondrai la même chose. La vrai question est plutôt : sur quel programme et quel projet de société doit-on s'entendre ? Si c'est pour proposer davantage de précarité, je pense que les résultats de ces sondages seraient bien différents. 

Selon moi, les Français prennent leurs distances avec la politique car ils ont l'impression qu'une minorité de "bien lotis" décident de choses que n'approuvent pas la majorité des "moins bien lotis". Or, nous pouvons faire autrement, en commençant, par exemple, par retourner vers le peuple pour le consulter sur ces sujets. C'est peut-être là le mérite du projet de Jean-Pierre Raffarin : créer un consensus entre libéraux pour clarifier l'offre politique.

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