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Témoignage "Si je t'égorge, je pourrai avoir mon paiement" : des syndicats dénoncent l'insécurité dans les agences Pôle emploi

Patricia Pasquion a été abattue en janvier 2021 à Valence par Gabriel Fortin, surnommé "le tueur de DRH". Pour les syndicats, rien n'a été fait pour la sécurité des agents depuis le meurtre.
Article rédigé par franceinfo - Théo Metton-Régimbeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Deux femmes apportent des fleurs devant une antenne de Pole Emploi à Valence, le 29 janvier 2021, au lendemain de la mort de Patricia Pasquion. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Deux ans après le meurtre d'une agente au Pôle emploi de Valence, les syndicats FO et SNU ont déclenché début février un "droit d'alerte danger grave et imminent". Ils dénoncent une insécurité chronique dans les agences.

>> "Tueur de DRH" : des notes et des fichiers informatiques démontrent "la vengeance froide" de Gabriel Fortin dans son périple meurtrier

Patricia Pasquion avait été tuée dans son bureau en janvier 2021 par Gabriel Fortin, surnommé "le tueur de DRH", auteur de deux autres meurtres et une tentative de meurtre. Ce droit d'alerte aujourd'hui fait suite à de nombreuses commissions qui se sont tenues depuis deux ans. Les syndicats estiment que rien n'a été fait pour la sécurité des agents depuis le meurtre. 

Les syndicats dénoncent 55 agressions par jour

Sébastien est agent Pôle emploi dans le sud de la France. Les agressions sont récurrentes. Il a été menacé, quelques mois avant le meurtre de Patricia Pasquion, tuée par balle dans son bureau de Pôle emploi Valence. "C'était un demandeur d'emploi qui était quand même beaucoup remonté, qui disait qu'on était des incapables, raconte Sébastien. Il voulait avoir absolument son paiement, mais sauf qu'il nous manquait un document. Il m'a dit : 'Si je viens à l'agence et que je t'égorge, je pourrai avoir mon paiement.'"

"On est moins tranquille quand on est au travail. Les quelques jours qui ont suivi, j'étais toujours un peu sur le qui-vive."

Sébastien, agent Pôle emploi

à franceinfo

Sébastien alerte sa direction mais aucune mesure de protection n'a été prise, selon lui. Il a déposé plainte. En moyenne, il y a 55 agressions par jour dans les agences, selon les syndicats.

Les deux syndicats ont déclenché un droit d'alerte pour danger grave et imminent le 2 février 2023. (COMMUNIQUÉ FO et SNU PÔLE EMPLOI)

Une sécurité insuffisante ?

Le "droit d'alerte danger grave et imminent" va permettre une enquête interne. Un inspecteur du travail devra déterminer si la sécurité est suffisante. Elle ne l'est pas, estime Natalia Jourdin, déléguée nationale Force ouvrière à Pôle emploi : "Notre employeur n'a pas mesuré le danger qui pèse au quotidien sur les salariés de Pôle emploi."

"Les agents ne sont pas protégés. Une personne agressive n'a aucune barrière physique. L'agent est très facilement accessible."

Natalia Jourdin, déléguée nationale FO à Pôle emploi

à franceinfo

Ce qui avait été le cas de Patricia Pasquion à Valence. Ses sœurs ont porté plainte en septembre 2022 contre Pôle emploi pour homicide involontaire. "S’il y a des améliorations à faire en termes de sécurité, il faut au moins que ce meurtre ait servi à ça, explique leur avocat, Hervé Gerbi. Que Patricia Pasquion ne soit pas morte sans que l’on n’ait tiré les conséquences, au niveau de Pôle emploi, des obligations en matière de sécurité." Le parquet de Valence n'a pas souhaité commenter.

De son côté, la direction de Pôle emploi affirme que des mesures ont été prises avec notamment la formation à la désescalade verbale, et l'installation d'équipements de sûreté. "On ne se limite pas à la vidéosurveillance, explique Charline Nicolas, directrice générale adjointe de Pôle emploi. On a évidemment des dispositifs d'alarme. On travaille sur les flux et les circulations. Donc c'est une appréciation globale qui nous permet de sécuriser les agents partout sur le pays." Il n'est pas question en revanche d'employer des agents de sécurité.

Pôle emploi sera aux côtés de la Famille Pasquion sur le banc des parties civiles lors du procès de Gabriel Fortin aux assises de la Drôme en juin.

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