Cet article date de plus d'un an.

Gaz : "Ce n’est franchement pas le moment de supprimer" le tarif réglementé "en plein chaos du marché de l'énergie", plaide une association auprès d'Emmanuel Macron

2,6 millions de Français qui ont souscrit un contrat de tarif réglementé, devront, à partir du 1er juillet, choisir une offre de marché. François Carlier, délégué général de l’association CLCV, était l'invité de franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un brûleur d'une gazinière. (GETTY IMAGES)

"Ce n’est franchement pas le moment de supprimer" le tarif réglementé du gaz pour les particuliers "en plein chaos du marché de l'énergie", plaide ce mardi sur franceinfo François Carlier, délégué général de l’association de défense des consommateurs Consommation, Logement et Cadre de Vie (CLCV). Après une décision du Conseil d’État de 2017, jugeant le tarif réglementé contraire au droit européen, 2,6 millions de Français qui ont souscrit un contrat de ce type, devront à partir du 1er juillet choisir une offre de marché. Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, rendue publique ce mardi, l'association demande "le report de la fin du tarif réglementé de deux ans pour passer la tempête". Selon lui, l'Europe permet ce report : "Je pense qu'on aura passé la crise de l'énergie. Après, cette fin pourra s'envisager", a-t-il expliqué.  

franceinfo : Pourquoi appelez-vous à un report de la suppression du tarif réglementé du gaz pour les particuliers ?  
  
François Carlier : Le tarif réglementé du gaz avait été supprimé par une décision du Conseil d'État qui date d'il y a quelques années, à l'époque où les prix du marché de gros étaient très bas, très stables. Le Conseil d'État a estimé que l'on pouvait s'en débarrasser. C'était une décision qui était mal venue parce qu'on voit bien qu'en pleine crise, le tarif réglementé pour le gaz et l'électricité a servi à construire le bouclier tarifaire qui permet de tasser les hausses. Puis, il a une qualité de sécurité contractuelle. En fait, tous les Français qui sont au tarif réglementé d'électricité et de gaz n'ont pas de problème contractuel alors que les autres peuvent avoir tout d'un coup leurs tarifs qui flambent de 40, 50, 60 % du jour au lendemain dans des conditions informationnelles tout à fait désobligeantes. Les Français ont été en partie à l'abri de la crise énergétique, en électricité et en gaz, parce qu'il y avait le tarif réglementé. Pour le gaz, Il y a encore 2,6 millions de ménages qui sont en tarif réglementé. Ils ont cette protection. Ce n’est franchement pas le moment de supprimer ce tarif et c'est pour ça qu'on plaide a minima pour un report de deux ans.  

Est-ce livrer ces Français à la jungle des prix ?  

Vous allez avoir ces 2,6 millions de ménages qui étaient plutôt des gens qui n'aiment pas aller sur les comparateurs, qui n'aiment pas changer, beaucoup de personnes âgées notamment. On va leur demander au mois de mai d'aller choisir une offre en plein chaos du marché de l'énergie et à un moment où les offres de marché génèrent énormément de litiges. Ça va être une grande foire à la tromperie et ensuite, il y aura de la casse à l'automne. Ça va faire comme les boulangers d'ailleurs. L'État va faire un sommet en disant : "Nous allons réinstituer un tarif garanti, un tarif de sécurité". Tant qu'à faire, autant ne pas supprimer les tarifs réglementés du gaz en juin. Ça nous paraît un peu plus logique. Ce report de deux ans, l'Europe le permet ; on aura passé la crise de l'énergie. Après, cette fin pourra s'envisager.  

Le prix du gaz ne flambe pas en ce moment. C'est en cas d'instabilité du prix du gaz que cela vous inquiète ?  

C'est vrai, en ce moment, le prix du gaz baisse. Il continuera peut-être de baisser au printemps. C'est toujours difficile de savoir. Mais c'est le problème de la volatilité. On risque de rentrer dans une phase où il y aura des baisses, puis des hausses, puis des baisses. C'est une situation instable pour les fournisseurs qui sont pour beaucoup très fragiles en réalité. Au moindre coup de vent, notamment à la hausse à l'automne prochain, à ce moment-là, les contrats sont cassés. Il y a des hausses sauvages et ça provoque de la casse. On est toujours dans une situation qui est perturbée, même si on peut vraiment espérer que cela ne soit plus cas dans un an. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.