Prix de l'électricité : le gouvernement renonce à appliquer une hausse des tarifs prévue au 1er août

Si cette évolution annuelle avait été appliquée, la facture de quelque 22 millions de ménages et entreprises au tarif réglementé de l'électricité aurait augmenté d'environ 1%.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre de l'Industrie Roland Lescure quitte l'Elysée après un Conseil des ministres, le 22 mars 2023. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Le gouvernement renonce à faire appliquer au 1er août une augmentation du prix de l'électricité d'environ 1%, liée à la revalorisation du tarif d'acheminement du courant, a annoncé lundi 15 juillet la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Le gendarme du secteur prend ainsi acte de "l'intention" du ministre chargé de l'Energie, Roland Lescure, "de ne pas procéder à la publication" au Journal officiel des délibérations qui faisaient évoluer le tarif d'utilisation des réseaux publics de distribution d'électricité (Turpe).

Si cette évolution annuelle avait été appliquée au 1er août, la facture de quelque 22 millions de ménages et entreprises au tarif réglementé de l'électricité aurait augmenté d'environ 1%, explique la CRE. En moyenne, elle aurait entraîné une hausse de la facture annuelle de "l'ordre de 12 euros", précise le ministère de l'Economie, qui ajoute qu'il s'agit d'une "valeur indicative moyenne", qui peut varier sensiblement selon les types de ménage.

Une hausse relativement modeste par rapport à l'augmentation du "prix repère du gaz" de 11,7% en juillet. Mais elle serait intervenue dans un contexte politique inflammable, alors que les prix de l'énergie, au plus haut en 2021-2022 du fait de la reprise post-Covid et de la guerre en Ukraine, ont agité les débats des élections européennes et législatives. "C'est une décision qui n'a pas de lien avec le calendrier politique", assure Bercy, qui reconnaît tout même qu'il y a un "enjeu d'apaisement" autour des prix l'énergie

Une précédente hausse en février dernier

Le Turpe, une composante comptant pour environ un tiers de la facture, est le tarif qui rémunère les gestionnaires de réseau de transport de l'électricité (RTE) et de distribution (Enedis) pour l'utilisation de leur réseau, depuis le lieu de production du courant jusqu'aux compteurs des ménages et entreprises.

Même s'il apparaît sur les factures d'électricité, le Turpe est en réalité payé par les fournisseurs d'électricité à Enedis et RTE. En renonçant à appliquer l'évolution tarifaire décidée par la CRE, le gouvernement évite donc une seconde hausse, après celle de février (de presque 10%), dans le cadre de la sortie du coûteux bouclier tarifaire sur l'énergie.

L'exécutif avait à l'époque relevé une taxe gouvernementale – l'accise – qui avait été réduite à son minimum à partir de fin 2021 pour alléger les factures pendant la crise énergétique. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'était alors engagé à ne pas augmenter davantage cette taxe durant le reste de l'année 2024. Il a depuis annoncé une baisse à venir des factures d'électricité de 10 à 15% d'ici février 2025, sous l'effet de la forte baisse des prix sur les marchés de gros.

Une décision prise au nom de la "stabilité" des prix pour les consommateurs

"Les consommateurs ont droit à la stabilité et à la visibilité des prix", a justifié Bruno Le Maire au sujet de l'annulation de la hausse prévue en août. Pour des raisons de "lisibilité", "on ne souhaitait pas qu'il y ait à quelques mois d'intervalle des hausses et des baisses importantes du tarif", défend le ministère de l'Economie. "Après des hausses régulières depuis août 2021, il était important pour limiter l'impact des coûts sur la facture de ne pas faire entrer en vigueur de cette hausse au 1er août", insiste également Bercy.

Désormais, le gouvernement a un délai de deux mois pour "demander de nouvelles délibérations sur l'évolution" du Turpe, précise la CRE. Dans tous les cas, cette évolution tarifaire devra être appliquée d'une manière ou d'une autre afin de permettre à RTE et Enedis de financer les investissements d'ampleur nécessaires à la modernisation du réseau électrique et à son adaptation aux enjeux de décarbonation de l'énergie. L'ampleur de la baisse des tarifs promise en février devra donc prendre en compte ce paramètre.

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