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Prix de l'énergie : "Ce sont des hausses considérables et même insoutenables" pour les locataires de HLM, alerte FO

L'Association Force ouvrière consommateurs demande à l'État d'appliquer le même bouclier tarifaire pour les bailleurs sociaux que pour les particuliers.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une personne âgée installée à côté de son radiateur d'appoint dans un logement HLM à Saint-Hilaire de Clisson, le 1er septembre 2022. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

Gabriel Attal a assuré sur franceinfo, jeudi 15 septembre, que le bouclier tarifaire qui va permettre de plafonner à 15% la hausse des prix du gaz et de l'électricité en 2023 restera en place "tant que la situation est ce qu'elle est". Mais Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, a dénoncé l'absence de boucliers tarifaires pour les bailleurs sociaux en matière d'électricité.

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"Ce sont des hausses considérables et même insoutenables" pour les locataires de l'Office HLM, alerte ce jeudi sur franceinfo David Rousset, secrétaire général de l’Association Force ouvrière consommateurs (AFOC). David Rousset évoque l’exemple de l’Office HLM de La Rochelle : "L’an dernier, le prix du kilowattheure facturé était de 6,44 euros, la proposition tarifaire qui est faite pour l'année suivante, c'est 88 euros", indique-t-il. La consommation d’électricité passerait de "7 500 euros l'an dernier" à "95 000 euros intégralement payés par les locataires".

franceinfo : Les HLM sont-ils les grands oubliés de ces mesures ?

David Rousset : D'ores et déjà, on voit se mettre en place des hausses de l’électricité dans les parties communes, donc dans les charges locatives. Dans le département de la Seine-Saint-Denis, pour l'instant, les nouveaux tarifs proposés par les fournisseurs d'électricité se traduisent par une augmentation de 10 à 60 euros par mois pour les 33 000 locataires de l'Office HLM de Seine-Saint-Denis. Ce n'est rien en comparaison de La Rochelle. L’an dernier, le prix du kilowattheure facturé était de 6,44 euros, la proposition tarifaire qui est faite pour l'année suivante, c'est 88 euros. C'est-à-dire que, très concrètement, la consommation de l'organisme c’était 7 500 euros l'an dernier, cela passerait à 95 000 euros, intégralement payés par les locataires. Au-delà des chiffres et des pourcentages, il faut à un moment donné revenir en euros et s'apercevoir que ce sont des hausses considérables et même insoutenables.

Est-ce que certains fournisseurs d’électricité ne profitent pas de la situation ?

Non, ce sont les règles du marché. Le contrat a été passé il y a deux ou trois ans. Les organismes HLM ne sont pas considérés comme des particuliers donc ils ne bénéficient pas des tarifs régulés, c'est-à-dire à prix bloqué comme les particuliers. Ces contrats sont passés pour un, deux ou trois ans et quand ils arrivent en cours de renégociation, ils sont négociés sur la base des prix du marché et tout le monde sait qu'aujourd'hui, le prix du kilowattheure flambe.

Faudrait-il appliquer le bouclier tarifaire aux HLM ?

Effectivement, la solution dans ce cas-là, c'est que les organismes HLM bénéficient des mêmes mesures que pour les particuliers, c'est-à-dire prenant en compte leur dimension sociale, l’accès aux tarifs régulés est donc en l'occurrence un bouclier tarifaire que les pouvoirs publics ont annoncé comme une hausse de 15% "seulement", pour l'an prochain. C’est déjà beaucoup. Ce serait une solution, mais il y a une certaine confusion qui règne puisque Elisabeth Borne a dit hier que normalement, ce plafonnement à 15% concernera les copropriétés et les logements sociaux, mais ça n'avait pas l'air si évident. Il y a une espèce de flou artistique qui règne et le gouvernement serait bien inspiré de rassurer tout le monde.

Est-ce que les finances d'organismes HLM sont menacées ?

Elles le sont potentiellement, mais en définitive, pas tant que ça. Il n'y a pas de risque de voir un organisme en cessation de paiement ou mettre la clé sous la porte. Je n'en dirais pas autant pour les locataires HLM. Pour eux, il y a au-delà de ces hausses des charges, un vrai problème qui commence à monter sur les hausses de loyer. Contrairement au parc privé, dans le parc HLM, les augmentations de loyer sont votées en janvier et s'appliqueront l'année prochaine. Aujourd'hui, les organismes HLM doivent donner l'exemple en prenant une décision simple en gelant les loyers en 2023 à la hauteur de ce qu'ils sont aujourd'hui. Parce que sinon, la hausse qui serait appliquée représenterait plusieurs centaines d'euros par mois. C'est aussi une question de cohérence. On ne peut pas demander aux pouvoirs publics de bénéficier d'aides, de plafonnement des prix et augmenter les tarifs des locataires soi-même. Ça ne sert à rien de plafonner la hausse des charges et de laisser une augmentation conséquente des loyers.

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