A la SNCF, le nombre de salariés baisse mais la masse salariale augmente
La lettre "MobiliCités" a indiqué s'être procuré un rapport confidentiel présenté en conseil d'administration fin septembre. Selon les chiffres cités, les effectifs de l'entreprise ont baissé entre 2003 et 2013. Mais entre-temps, "la masse salariale a augmenté de 1,289 milliard d'euros".
Les cheminots sont-ils trop payés ? Le débat est relancé avec la publication d'un rapport interne à la SNCF, que s'est procuré la lettre MobiliCités. Selon cette lettre, la SNCF a vu sa masse salariale fortement augmenter ces dix dernières années alors même que ses effectifs ont baissé de 14%. La lettre MobiliCités a indiqué s'être procuré ce rapport confidentiel présenté en conseil d'administration fin septembre. Contactée par l'AFP lundi 20 octobre, la SNCF n'a pas été en mesure de réagir dans l'immédiat.
Selon les chiffres cités, les effectifs de l'entreprise sont passés de 178 260 personnes à 152 968 entre 2003 et 2013. Mais entre-temps, "la masse salariale a augmenté de 1,289 milliard d'euros". Parmi les raisons avancées de cette augmentation, estime MobiliCités, le recours à des promotions individuelles, une augmentation de 32% en moyenne des remboursements de frais par agent et un taux d'encadrement passé de 1 pour 6,8 agents en 2003 à 1 pour 4,2 agents dix ans plus tard. La récente réforme des retraites des cheminots, en repoussant l'âge de départ, a aussi provoqué le gonflement mécanique de la masse salariale.
Du coup, "la rémunération moyenne du personnel de l'EPIC (Etablissement public industriel et commercial) SNCF augmente de 3,87% par an alors que l'inflation n'a progressé en France que de 1,56% entre 2003 et 2013", écrit MobiliCités.
Négociations à venir sur le régime des cheminots
Des syndicats ont estimé que la divulgation d'un rapport potentiellement explosif devait être mise dans le contexte de négociations à venir sur le régime des cheminots, alors que la réforme ferroviaire promulguée cet été va donner naissance au 1er janvier 2015 à une nouvelle structure qui réunira la SNCF et le Réseau ferré de France (RFF) actuels dans une même entreprise publique. La mise en œuvre de cette réforme doit faire l'objet d'une première information du comité central d'entreprise (CCE), mercredi.
Avec ce type de rapport, "on vise à conditionner l'opinion publique et les salariés en interne" pour "faire comprendre que le cheminot est trop cher", a commenté Roger Dillenseger, secrétaire général adjoint de l'Unsa-Cheminots (2e syndicat). De son côté, la CFDT Cheminots (4e syndicat) s'est interrogée dans un communiqué sur la "concomitance" de ce rapport avec celui de la Cour des comptes sur les dérives de la gestion du réseau TGV devant être présenté jeudi. "Il est difficile de ne pas voir dans ces 'tirs croisés' une attaque frontale contre le corps social cheminots au moment", a dénoncé le syndicat réformiste.
Pour l'Unsa, l'augmentation de la masse salariale s'explique surtout par une série de "facteurs logiques", comme la réforme des retraites mais aussi "la recrudescence des chantiers de nuit et de week-end pour moins perturber les circulations" et pour lesquels "il est normal" que les travailleurs reçoivent une compensation financière. "La masse salariale est certes importante car la SNCF est une entreprise de services mais le ratio entre charges salariales et charges d'exploitation a lui plutôt tendance à décroître, il est passé de 46,7% en 2011 à 45,8% en 2013", souligne-t-il.
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