Cet article date de plus d'un an.

Casino vend une centaine de magasins à Intermarché : "C'est le début de la fin" pour le groupe, estime un spécialiste

Fortement endetté, le distributeur Casino ouvre une procédure de conciliation avec ses créanciers. Le groupe a l'intention de vendre une centaine de supermarchés et hypermarchés au concurrent Intermarché.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Logo des supermarchés Casino, le 23 mai 2023. (JEAN-MARC LALLEMAND / MAXPPP)

La distribution, "c’est la loi de la jungle. Les faibles, quand les temps deviennent durs, se font manger par les forts", a expliqué vendredi 26 mai sur franceinfo Olivier Dauvers, journaliste spécialiste de la grande distribution et auteur du blog Le web grande conso, alors que le groupe Casino, très endetté, compte vendre une centaine de magasins à Intermarché.

Selon lui, "c'est une nouvelle étape d'un processus qu’on peut appeler le début de la fin" pour l’enseigne de grande distribution qui fête ses 125 ans cette année. Cette dernière prévoit de céder plus d'une centaine d'hypermarchés, supermarchés et enseignes de proximité pesant 1,15 milliard d'euros de chiffre d’affaires. 

franceinfo : Est-ce une solution pour ne pas mettre la clé sous la porte ?

Olivier Dauvers : C'est une nouvelle étape d'un processus qu’on peut appeler le 'début de la fin', c'est-à-dire que la grandeur de Casino qui a longtemps été l'un des groupes les plus importants dans la grande distribution française, qui ironie de l'histoire, fête cette année, ses 125 ans, et bien cette grandeur-là est derrière elle. Malheureusement, elle ne reviendra pas parce que le groupe est trop endetté. Il ne peut pas faire face à ses échéances bancaires et donc il est en train de vendre. Il avait vendu son activité en Asie il y a quelques années. Il a vendu Leader Price en France il y a trois ans, il a vendu une partie de son activité au Brésil cette année. C'est une étape supplémentaire. Quand vous avez des dettes et que vous n'arrivez pas à les rembourser parce que votre activité n’est pas suffisamment profitable, vous êtes obligé de vendre les bijoux de famille.

Ce sont les conséquences des difficultés que l’on connaît dans ce secteur ?

C'est la conséquence du fait que le marché de la grande distribution depuis une dizaine d'années est plus challengé qu'il ne l'a jamais été. D'une part, parce qu'il y a plus de croissance des volumes achetés par les consommateurs. On est une société qui est assez mature. D'autre part, on a une partie des achats qui bascule, des magasins qu'on va appeler "le offline" vers "le online" Internet. Mécaniquement, ça fragilise les magasins, en particulier les plus faibles. Et puis on continue à ouvrir des magasins, on continue à en agrandir et ça dilue sur un plus grand nombre de magasins, un volume d'affaires qui n'est pas plus important. Donc au final, les plus faibles trinquent.

C’est grossir ou mourir ?

Dans ce métier l'un des facteurs clé de performance, c'est la taille vis-à-vis des fournisseurs au moment d'acheter. Quand vous négociez avec Danone, avec Coca-Cola, avec Nestlé, si vous achetez un carton ou si vous achetez un camion entier ou un train complet, vous n'aurez pas le même prix. C'est facile à comprendre. Donc la taille, le volume d'achat, c'est un critère qui est déterminant de la performance parce qu'il vous permet d'avoir des prix plus bas. Quand on a des prix plus bas, on a plus de clients, donc on peut acheter plus. C'est une forme de cercle vertueux de la performance qui est basée sur la taille et sur le chiffre d’affaires. Ça signe surtout le fait que dans ce métier-là, quand vous êtes faible, vous êtes une proie. La nature est terrible. C'est la loi de la jungle, la distribution. Les faibles quand les temps deviennent durs, quand c'est la disette, ils se font manger par les forts. Aujourd'hui, on a vraiment un fort qui est en train de croquer une partie d'un faible, parce que le faible en a besoin pour tenter d'espérer, de survivre encore un peu.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.