Dubaï, la ville du bonheur pour les PME françaises ?
Cette semaine, une dizaine de PME françaises sont parties à l’assaut du marché de Dubaï, aux Émirats arabes unis, emmenées par BPI France, la banque publique d’investissement, avec le soutien de la Société générale. Franceinfo les a suivies dans cette ville qui ambitionne de devenir... la ville du bonheur.
Emmenées cette semaine par BPI France, la banque publique d’investissement, avec l'appui de la Société générale, une dizaine de PME françaises sont parties à l’assaut de Dubaï, première ville des Émirats arabes unis, qui fait figure de ville de tous les possibles. Même si le prix de l’or noir a baissé, Dubaï a des ambitions colossales : cette ville veut devenir la plus "smart" du monde.
C’est-à-dire, la plus intelligente, la plus connectée, à l’horizon 2020. D’ici là, pour cette même année, Dubaï prépare également l’Exposition universelle. D’où l’intérêt pour les PME innovantes françaises de se tailler la part du lion.
Dubaï, ville du bonheur ?
Cerise sur le gâteau, Dubaï aspire à devenir la ville... du bonheur. Et ce n’est pas une plaisanterie. Au pied des tours les plus futuristes de Dubaï, Sandrine Murcia, une jeune chef d’entreprise parisienne, regarde avec envie la "rue du Bonheur". Rien de plus sérieux : le gouvernement a même nommé une femme ministre du Bonheur il y a un an... Sandrine Murcia a créé une entreprise qui connecte les objets publics entre eux, pour gagner du temps par exemple entre les arrêts de bus ou les stations de métro.
Elle se retrouve ainsi pile dans la stratégie de développement de la ville pour bâtir une "smart city". "J’adorerais vendre du bonheur, s’exclame Sandrine Murcia. J’espère qu’on peut y contribuer en tout cas en rendant la vie plus facile. Il n'y a pas d’adresse ici, c’est incroyable ! Et la qualité de vie est une composante du bonheur."
Un peu plus loin, Ramesh Caussy rêve également devant la plus haute tour du monde. Il se dit que son robot "Diya One" peut plaire à tous les étages : il permet d’analyser, grâce à son intelligence artificielle, la qualité de l’air et la corrige si nécessaire. "Il peut aller dans les buildings, les open space, les centres commerciaux : les gens, ici, ont vu l’intérêt de ce robot et je pense qu’il arrivera ici rapidement à Dubaï !", s’enthousiasme Ramesh.
Dubaï a besoin de compétences extérieures
Dubaï a peut-être la folie des grandeurs, mais les Émiriens ont besoin de compétences extérieures. Dans la zone franche de l’aéroport, un peu à l’écart des tours et des palmiers, Gilles de Greef, entrepreneur marseillais, a un rendez-vous important avec une entreprise informatique locale tenue par des Indiens.
Il vend sa nouvelle tablette de reconnaissance visuelle et d’identification de papier d’identité, une aubaine pour Dubaï car la ville est ultra sécurisée. "On nous a notamment parlé de Qatar Airways, pour identifier les passagers, assure l’entrepreneur. Avec les défis qu’ils auront à relever pour la Coupe du monde de football, et notamment de contrôle aux frontières, pour une boîte comme la nôtre. Cela peut être un très bon point de départ de business, ici, aux Émirats."
Il y a donc à Dubaï des affaires à saisir pour les PME. Avant que les Américains ou les Chinois ne raflent tous les contrats, la banque publique d’investissement, BPI France, veut que les PME françaises soient dans la course.
"C’est un chantier permanent ici et ce n’est pas un marché difficile d’accès pour les PME, explique Pedro Novo, directeur du financement à l’export de la banque. Les Émiriens sont prêts à les accueillir, les écouter et à comprendre leurs innovations, et quand ils aiment, ils achètent." "Pour nos entreprises, poursuit le banquier, venir à Dubaï, c’est venir au Moyen-Orient et pour certains, cela couvre aussi l’Afrique et une partie de l’Asie. C’est une zone d’influence extrêmement forte."
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Pour les autorités, il faut que Dubaï soit une vitrine, plus question de garder cette mauvaise image de pollueur au milieu du désert, une opportunité pour Maël Roudaut et son entreprise bretonne de recyclage.
Parce qu’il y a énormément de déchets à traiter alors que la plupart sont envoyés à l’enfouissement, les Emiriens ont, selon lui, besoin d’entreprises comme la sienne pour trier les déchets, les valoriser, gagner de l’argent et limiter l’enfouissement. "Ils pourraient également créer du compost pour commencer des cultures !", propose Maël.
Tout n’est pas rose au pays du bonheur
Sauf que tout n’est pas rose non plus au pays du bonheur. En effet, les Émiriens sont en train de découvrir les taxes et les impôts, et la ville est désormais plus chère que San Francisco. "L’accès au financement est très très difficile, déplore Sébastien Marteau, entrepreneur à Dubaï et créateur de la "French Tech", qui regroupe les entreprises françaises innovantes. Il faut déjà trois ans d’existence localement avant de pouvoir emprunter auprès des banques et les taux sont de 15 à 20 ou même 25%. Cela rend l’accès au crédit très difficile pour les PME."
D’ailleurs, si les Émirats ont besoin de certaines innovations françaises, le pétrole ne rapporte plus autant. "Le marché local est compliqué et les délais de paiement sont à rallonge, confirme Matthieu Girard, qui travaille pour Air Liquide. J’ai l’exemple de sociétés pharmaceutiques qui ont pour client les autorités de santé de Dubaï qui n’ont pas payé depuis six à huit mois." Une conséquence de la baisse du prix du pétrole : il y a moins d’argent dans le système et l’environnement est tendu. "C’est "the place to be" et il y a beaucoup de compétition, il faut se battre.", résume Matthieu Girard.
Et derrière les barrières de chantier, il y a, de jour comme de nuit, des milliers d’ouvriers employés dans des conditions plus que difficiles. Mais il n’empêche : Dubaï est plus que jamais un point de départ vers d’autres marchés, au Moyen-Orient mais aussi en Inde ou en Afrique. Avec ou sans bonheur, cette ville qui brille de mille feux est devenue incontournable pour beaucoup d’entreprises.
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