Nouveau gouvernement : "Les chefs d'entreprise sont inquiets, il ne faudrait pas les rendre fébriles avec un flou politique qui dure trop longtemps", estime le patron du Medef

Invité sur France Inter lundi, le président du Medef estime que les entreprises ont "besoin de visibilité".
Article rédigé par franceinfo - avec France Inter
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Le président du Medef, Patrick Martin, sur France Inter le 26 août 2024. (FRANCEINTER / RADIO FRANCE)

"On a besoin de visibilité, on a besoin de stabilité, et surtout qu'on ne vienne pas nous matraquer par des mesures législatives totalement inappropriées au regard de la situation économique", affirme Patrick Martin, le président du Medef 

Selon lui, malgré "l'effet JO", l'économie du pays "est rattrapée par les réalités" et l'absence de cap clair sur la situation politique de la France. "Les chefs d'entreprise sont inquiets, il ne faudrait pas les rendre fébriles avec un flou politique qui dure trop longtemps", insiste Patrick Martin pour qui "il faut un bon programme et la bonne personne pour le mettre en œuvre". 

Le patron du Medef insiste sur le contexte économique actuel, jugeant "un peu préoccupante" la situation internationale. Il pointe notamment du doigt la "dureté de la concurrence internationale" : "Les Chinois nous submergent de panneaux photovoltaïques, de voitures électriques et d'acier ; les Américains montent en puissance et les élections américaines vont arriver", évoque-t-il. À cela s'ajoute, selon Patrick Martin, "l'indécision" dans laquelle se trouve la France.

Patrick Martin défavorable à l'augmentation du Smic et à l'annulation de la réforme des retraites

Sans nommer directement le programme du Nouveau Front populaire, Patrick Martin critique les mesures plaidées par l'alliance des gauches. "S'il y a plus d'impôts, si on charge la barque en annulant la réforme des retraites et en augmentant le Smic à la seule charge des entreprises, immanquablement ça va impacter les décisions des entreprises", avance-t-il.

Le patron du Medef se montre tout particulièrement défavorable à l'augmentation du Smic à 1 600 euros telle que proposée par le NFP, craignant que cela ne précipite "des dépôts de bilan" dans "la restauration collective, la sécurité, la propreté, le bâtiment et la grande distribution". "Ça ne sera pas économiquement supportable", insiste-t-il. Patrick Martin propose plutôt, pour revaloriser les salaires, de "remettre à plat le financement de la protection sociale".

Le président du patronat critique également l'abrogation de la réforme des retraites souhaitée par le Nouveau Front populaire. "Si on creuse le déficit des retraites de 17 milliards d'euros par an à partir de 2030, à un moment ou un autre, quand le niveau d'endettement de la France est à un niveau insupportable, il faudra bien que quelqu'un paye et ce sera les salariés, les entreprises et/ou les retraités", lance-t-il.

Un chef d'entreprise à Matignon ?

La semaine dernière, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P) Michel Picon a plaidé pour nommer à Matignon un chef d'entreprise comme celui de Renault, Jean-Dominique Senard. Lundi, Patrick Martin réagit à cette éventualité mais ne se prononce pas clairement. S'il loue les compétences des "chefs d'entreprise [qui] savent compter et ont, peut-être plus que d'autres, le sens du temps long", le patron du Medef estime qu'il "faut quelqu'un de très expérimenté" pour diriger le futur gouvernement car "ça va être très subtile de négocier avec le Parlement et de dégager au cas par cas des majorités au moins relatives".

"Un bon programme et la bonne personne pour le mettre en œuvre."

Patrick Martin, président du Medef

sur France Inter

Patrick Martin voit plutôt à Matignon quelqu'un qui "dans sa tête et dans ses actes, enjambe la présidentielle, c'est-à-dire qui inscrit le pays dans une trajectoire longue". Le président du Medef souhaite que le futur Premier ministre soit "quelqu'un qui comprenne les grands mécanismes économiques et qui soit à l'aise, autant qu'on puisse l'être, dans le panorama politique actuel".

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