PSA : un ouvrier menacé de licenciement pour une paire de gants
Lors d'un contrôle inopiné à la sortie de l'usine, un gardien avait retrouvé les gants dans le sac de ce père de famille. Pour la direction, "il ne peut s'agir d'un oubli".
Un salarié du site automobile PSA de Poissy (Yvelines) est menacé de licenciement parce qu'une paire de gants de travail a été retrouvée dans son sac à sa sortie de l'usine. Cet ouvrier de 33 ans a été convoqué, mardi 9 juin, pour un entretien préalable à un licenciement. La direction lui reproche le "vol" de cette paire de gants au mois de mai, donc le "non-respect du règlement intérieur".
Lors d'un contrôle inopiné à la sortie de l'usine, un gardien avait retrouvé les gants dans le sac de ce père de famille. Des "gants de palucheur usagés" dont l'ouvrier se servait pour "lisser les tôles sorties de la presse", "comme des gants de base-ball, inutilisables pour jardiner, bricoler ou faire de la mécanique", selon Jean-Pierre Mercier, délégué central CGT, pour qui l'employé "les a oubliés dans son sac".
Poissy, un site fragilisé par la crise
Le syndicaliste estime que "la restriction au niveau des budgets est telle que les gars gardent leurs gants pour en avoir une paire sous la main le lendemain. C'est monnaie courante, tout le monde fait ça." Poissy figure parmi les sites fragilisés de PSA, avec une production qui doit baisser de 255 000 véhicules en 2014 à 140 000 en 2017. L'usine recourt régulièrement au chômage partiel et est passée fin 2014 de deux à une ligne de montage.
La direction de PSA affirme quant à elle qu'il s'agit de "gants neufs non utilisés", "destinés à des conducteurs d'installations", "incompatibles avec une utilisation par ce salarié à son poste de travail". "Il ne peut s'agir d'un oubli, il n'y a aucune raison qu'il ait ce genre de gants sur lui", ajoute le groupe. L'entretien préalable "n'implique pas forcément un licenciement", a rappelé la direction, qui dispose d'un mois pour notifier sa décision à l'ouvrier.
Mardi à la mi-journée, une cinquantaine de salariés se sont rassemblés pendant une heure à l'appel de la CGT, deuxième syndicat après FO sur le site, selon le syndicat et la direction. Jean-Pierre Mercier accuse la direction de "manier le bâton pour étouffer toute réaction collective des salariés", citant le cas de deux salariées licenciées vendredi dernier pour une altercation "verbale". La direction assure de son côté qu'elles "en sont venues aux mains".
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