Trois choses à savoir sur Alibaba, le géant du web chinois
Laurent Fabius a signé un partenariat avec ce site de vente en ligne qui compte près de 327 millions de clients.
Avec cet accord, la France compte bien doper les ventes de ses produits en Chine. Laurent Fabius a signé vendredi 16 mai un protocole d'entente avec le président d'Alibaba, Jack Ma. Portant sur une durée de trois ans, le géant de la vente en ligne s'engage à accorder aux entreprises françaises "une procédure d'inscription accélérée", ainsi que des "services sur mesures" et un "soutien marketing" privilégié.
"Une excellente opportunité pour que davantage de consommateurs chinois découvrent de nouvelles marques françaises, à travers un système de distribution moderne", a expliqué Laurent Fabius.
Car le groupe est aujourd'hui devenu, selon ses dires, la plus grosse société de commerce en ligne et mobile au monde en termes de volume de marchandises écoulées. Francetv info vous présente cet ogre chinois en trois points.
1 A côté, Amazon est un petit poucet
Pourquoi se contenter d'un service quand on peut en rassembler trois ? C'est l'idée qui fait le succès d'Alibaba. Le groupe combine ainsi les ventes de produits d'occasion, comme le fait eBay, les neufs, comme Amazon, et permet également aux clients de créer leur propre boutique en ligne. Résultat : le volume de marchandises échangé a atteint 248 milliards de dollars (181 milliards d'euros) en 2013. C'est le double du volume d'Amazon. Le rapport est sensiblement le même sur le nombre de clients. Amazon en revendiquait 152 millions en 2013 rapportait Le Monde, Alibaba l'estime à plus de 327 millions, selon Forbes.
Plus que prospère, cet ogre convoite désormais le reste du monde, et se prépare à faire cette année ses premiers pas à la Bourse de Wall Street. Une introduction qui pourrait être la plus importante jamais réalisée dans le secteur des nouvelles technologies, avec une capitalisation de 200 milliards de dollars (146 milliards d'euros), le double de Facebook (104 milliards de dollars,75 milliards d'euros) et trois fois supérieure à celle d'eBay.
2 Son patron est aussi excentrique qu'impitoyable
A la tête de cet empire : Jack Ma, son fondateur. A 49, certains le comparent à Steve Jobs, d'autres à Bill Gates, lui préfère Forrest Gump. Selon lui, le héros incarné par Tom Hanks "n'est pas un type intelligent, mais il est obstiné. Il n'est pas talentueux mais très, très travailleur. Et il est simple et opportuniste", rapporte Le Monde. C'est au retour d'un voyage aux Etats-Unis en 1995 qu'il découvre Internet. C'est là qu'il effectue comme première requête sur un moteur de recherche, les mots "bière" et "Chine", sans obtenir résultat.
Avec la réussite d'Alibaba, l'homme est devenu médiatique, s'affichant avec des stars américaines comme Arnold Schwarzenegger, ou encore Jet Li. Une célébrité qui lui fait parfois tourner la tête, comme en 2009 où devant 16 000 de ses salariés réunis dans un stade au sud de Shanghai, il est apparu déguisé en drag-queen, chantant Can you feel the love tonight.
Mais ne vous fiez pas à son sourire jovial. Jack Ma est un redoutable entrepreneur, sans scrupule quand il s'agit de faire du business. Interrogé par Rue 89 sur ce qu'il avait à dire à un ouvrier américain ou européen dont le travail était délocalisé en Chine, l'homme avait simplement répondu : "Too bad" ("Dommage"). Sa vision du monde et des affaires est radicale et sans faux-semblants: "Nous nous intéressons à deux groupes, les riches et ceux qui veulent le devenir. Les pauvres, nous les laissons à nos concurrents...", expliquait-il également.
3 En Chine, des villages entiers ont fait fortune grâce à lui
Grâce à lui, les tracteurs qui circulaient des les rues de certains villages chinois ont été remplacés par des voitures de luxe. Grâce aux plateformes du groupe qui permettent de monter sa boutique en ligne, de simples agriculteurs sont devenus millionnaires. L'un d'eux, rencontré par l'AFP et dont le témoignage est repris par Libération, possède un commerce très lucratif de sacs, qu'il exporte jusqu'en Azerbaïdjan et en Ukraine. "Je me suis mis à Alibaba en 2011. Ca a changé la vie de tant de jeunes gens par ici", explique M. Guo au volant de sa BMW, et qui espère engranger un chiffre d'affaires annuel de 100 millions de yuans d'ici à trois ans (11 millions d'euros).
"En travaillant sur internet, non seulement on peut rester en famille, mais en plus, on gagne davantage qu'en migrant vers d'autres villes", observe-t-il. "Au-delà des améliorations matérielles, j'ai plein d'idée et d'objectifs, j'ose faire des projets pour le reste de ma vie". Un bon en avant pour des millions d'entrepreneurs chinois d'un nouveau genre.
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