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Témoignage Hôpital : "Une triste sensation de travailler à l'usine", les urgences du CHR d'Orléans restent au bord du burn out général

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'entrée des urgences de l'hôpital d'Orléans, le vendredi 13 mai 2022. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIOFRANCE)

Alors que les urgences tournent au ralenti depuis un mois et demi le service devrait accueillir de nouveau tous les patients. Le personnel, qui était en arrêt maladie, est revenu et un accord a été trouvé avec les médecins grévistes. Il est temps car la clinique privée qui a récupéré les urgences de l'hôpital est, elle aussi, sur le point de craquer.

Dans les couloirs des urgences de la clinique Oréliance, à Orléans, une jeune femme se tord de douleur sur un brancard. Le médecin s'empresse alors d'aller l'examiner. Problème : à côté d'elle, il y a une dizaine de patients qui attendent. "D'habitude, on n'a pas ça chez nous", regrette le docteur Xavier Della Valle, le chef des urgences de cette clinique privée, qui vient d'enchainer 36 heures de garde.

L'afflux de patients menace tout son service. "Les patients sont énervés parce qu'on les balade, ils sont agressifs... Notre personnel d'acceuil subit fréquemment des agressions : verbales, tous les jours, et physiques, de temps en temps. Aujourd'hui, toutes les équipes sont à bout"", décrit-il. 

"Nous ne pouvons recevoir que les urgences vitales et fonctionnelles" peut-on lire sur cette affiche à l'entrée des urgences du CHR d'Orléans. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIOFRANCE)

C'est exactement ce qu'il s'est déroulé il y a deux mois, à quelques kilomètres là : des équipes au bord du burn out, comme au centre hospitalier d'Orléans où il y a trop de patients et pas assez d'infirmiers.

>> "Des patients mouraient sur les brancards" : aux urgences de l'hôpital d'Orléans, le cri de détresse des soignants en grève

Marc De Matos travaille aux urgences du CHU depuis dix ans. Fin mars, il a craqué et s'est mis en arrêt maladie, comme la plupart de ses collègues. "Presque une sensation, en rentrant chez soi, de travailler à l'usine. Quand on est un infirmier, une aide-soignante pour plus d'une vingtaine de patients, on n'est plus humain. Mon triste record, c'était 26 patients. On est très pessimistes sur la suite. Si, dans un ou deux mois, on revient dans les mêmes conditions, on partira. On protégera notre santé à nous", indique-t-il. 

Marc De Matos travaille aux urgences du CHU d'Orléans depuis dix ans. Fin mars 2022, il a craqué et s'est mis en arrêt maladie, comme la plupart de ses collègues. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIOFRANCE)

"Toutes ces mesures ne suffiront pas"

Aujourd'hui, il est revenu comme presque tous les infirmiers et les aides-soignants du service, mais il ne croit pas beaucoup aux solutions proposées par la direction pour trouver des lits et soulager les urgences. Pour sa part, le directeur de l'hôpital, Olivier Boyer, reconnaît que ce ne sera pas suffisant à long terme : "Compte tenu de l'insuffisance de l'offre de soins qui est beaucoup plus forte à Orléans qu'ailleurs, avec un ordre de deux fois plus faible que dans une grande ville équivalente, toutes ces mesures ne suffiront pas", tranche-t-il.

Le directeur du CHU d'Orléans a promis de fermer à nouveau les urgences en cas de débordement, et maintenant, les médecins réclament des garanties de la direction sur les mesures proposées pour trouver des lits et soulager les urgences pour lever leur grève.

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