Grève des routiers : le premier syndicat appelle à la grève la semaine prochaine
La CFDT rejoint le mouvement plusieurs syndicats de routiers lancé dimanche pour arracher des hausses de salaires au patronat.
Le mouvement des routiers lancé dimanche pour arracher des hausses de salaires au patronat a obtenu un soutien de taille jeudi 22 janvier : la CFDT, premier syndicat du secteur, a appelé à une grève "à compter du milieu de semaine prochaine". Cette décision de la CFDT "est la conséquence directe du refus de négocier les revalorisations salariales par les organisations patronales", explique dans un communiqué le syndicat qui avait déjà mené une opération coup de poing en décembre afin de peser sur les négociations salariales.
Cet appui intervient au moment où le mouvement, lancé dimanche par l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC et CFE-CGC) s'essoufflait, les blocages et autres opérations escargot se réduisant au fil des jours. "Je me réjouis que la CFDT rejoigne le mouvement", a réagi Jérôme Vérité (CGT). "C'est une excellente victoire du syndicalisme rassemblé auquel je suis attaché", a-t-il ajouté.
"La porte est toujours ouverte, y compris ce weekend"
Mardi, les négociations salariales ont échoué entre le patronat et les syndicats. Le premier proposait une hausse allant jusqu'à 2%, alors que les syndicats réclament 5%. Une nouvelle séance devait avoir lieu jeudi mais les fédérations patronales de routiers ont opposé une fin de non recevoir à cette convocation. "On n'est pas contre l'ouverture de négociations. La porte est toujours ouverte, y compris ce weekend. Si on peut éviter une action on l'évitera", précise Fabian Tosolini, secrétaire général chargé de la communication à la CFDT.
Mais d'ici la semaine prochaine, l'intersyndicale promet la poursuite vendredi du mouvement, le premier auquel est confronté le gouvernement après les attentats. Après vendredi, "l'action repartira dimanche soir et lundi soir de manière beaucoup plus ciblée. On va toucher ceux qui refusent le vrai dialogue social", ajoute Thierry Douine (CFTC) à l'adresse du patronat. Jeudi, l'intersyndicale pensait pouvoir être reçue à Matignon, en vain. Puis sa délégation composée d'une dizaine de personnes s'est tournée vers l'Elysée, où elle a également trouvé porte close dans la soirée. "C'est une déception sur la conception du dialogue social", a réagi Thierry Douine.
"Il y a des réalités économiques à prendre en compte"
Un "messager de la présidence de la République" s'est toutefois présenté à la délégation pour prendre leurs "doléances", a dit Thierry Douine : "On lui a demandé de mettre en place tout l'arsenal nécessaire pour faire revenir à la raison le patronat du transport routier" pour retrouver "le chemin de la négociation sereinement". Le gouvernement, par la voix de son secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, avait pourtant estimé que les conditions étaient tout à fait "réunies" pour une négociation, contrairement à ce que le patronat du transport affirme. Les fédérations patronales (FNTR, TLF, Unostra et OTRE) estiment être allées aussi loin que possible dans la négociation et ne pas pouvoir "faire mieux" que les 2% maximum de hausses de salaires qu'elles sont prêtes à consentir, alors que les syndicats réclament 5%.
"Il y a des réalités économiques à prendre en compte et les menaces et les actions revendicatives ne changeront rien à ces réalités économiques. Nos entreprises ne sont pas en capacité d'aller au-delà de ce qu'elles proposent" en matière salariale, a déclaré jeudi Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR. "Nous préservons l'emploi, il faut parfois savoir choisir entre l'emploi et les augmentations salariales", a-t-il poursuivi.
Les syndicats risquent gros
Ce à quoi Alain Vidalies avait objecté mercredi soir que les entreprises du secteur avaient "bénéficié d'importantes mesures de soutien à l'emploi", alors que "les salaires conventionnels n'ont pas été augmentés depuis deux ans et certains taux horaires sont inférieurs au Smic". Les syndicats risquent gros : en l'absence d'accord, ils n'obtiendront même pas l'augmentation proposée par le patronat, soit 2% pour les coefficients les plus bas de la convention collective et 1% pour les cadres. Dans ce cas, les minimums conventionnels de l'année dernière resteront en vigueur. En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier -celui des salariés les plus qualifiés- dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum a été relevé à 9,61 euros au 1er janvier.
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