"Il va y avoir des catastrophes" : la Fédération des promoteurs immobiliers craint 300 000 suppressions de postes d'ici un an et demi

Alors que le secteur de l'immobilier s'effondre, des géants comme Nexity ou Vinci annoncent envisager des suppressions de postes dans les mois à venir.
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nexity a annoncé la suppression de 502 postes pour faire face à la crise de la construction immobilière, photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Les promoteurs immobiliers vont-ils enfin sortir du rouge après une année 2023 catastrophique ? Les géants Nexity et Vinci ont annoncé, ces derniers jours, envisager des suppressions de postes. Le marché s'est en effet effondré depuis le Covid-19 avec la hausse des taux d'intérêt, l'inflation et la baisse de la commande publique. Le secteur tente tant bien que mal de se reconstruire.

Des chantiers repoussés, à l'arrêt voire annulés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, pour Pascal Boulanger. Il est président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui regroupe 700 adhérents : "Une année normale, la FPI sort environ 165 000 logements. 2022 on tombe à 123 000 et en 2023, on fait 94 000. Ça fait un an et demi que j'attire l'attention des pouvoirs publics en disant qu'il va y avoir des catastrophes. Malheureusement, j'avais raison...", regrette-t-il.

Un frein sur les délivrances de permis de construire ?

Si les majors du secteur, tels que Nexity ou encore Vinci, prévoient de réduire la masse salariale, les plus petites entreprises semblent, pour l'instant, plus épargnées. Comme Greencity immobilier, basé à Toulouse, 1 700 logements conclus l'année dernière. Son président Stéphane Aubay, met en avant des choix stratégiques : il a réduit les prix, notamment, pour vendre davantage. Malgré les taux d'intérêt qui baissent, il reste prudent pour la suite : "On a les élections municipales en 2026. On craint un frein sur la délivrance des permis de construire parce que ce n'est pas forcément bon pour un maire qui est élu d'avoir des grues partout dans sa ville au moment des élections."

La crise, loin d'être finie, risque d'entraîner 300 000 suppressions de postes pour l'année et demie à venir selon la Fédération des promoteurs immobiliers. Notamment dans le bâtiment, les cabinets de notaire ou d'architectes : c'est tout le secteur de l'immobilier qui est concerné.

"On a été obligés de limiter les charges salariales"

Hadrien Colmant le confirme, il est directeur général associé d'Inovefa, prestataire de services pour les promoteurs immobiliers : "Tous les investissements qu'on pouvait avoir, le renouvellement du parc informatique, les séminaires d'animation des équipes etc., sur ces charges-là, on a vraiment coupé. Comme beaucoup de monde dans la profession, on a été obligés aussi de limiter les charges salariales. Donc il y a des départs qui n'ont pas été remplacés. On a notamment trois départs à la retraite l'année dernière qu'on n'a pas remplacés." Pourtant son entreprise a maintenu de l'activité l'année dernière. La crainte du secteur c'est aussi de voir disparaître des compétences, avec le départ des employés qualifiés qu'il faudra remplacer, par de nouvelles personnes formées, ce qui prend du temps.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.