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Mal-logement : cinq chiffres à retenir du dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre

Quatre millions de personnes n'ont pas de logement ou sont mal-logées en France, selon l'Association de lutte contre le mal-logement, qui publie jeudi son rapport annuel. La Fondation Abbé-Pierre souligne aussi que le parc de logement est mal adapté aux personnes seules, en nombre croissant.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'association Droit au logement demande la réquisition d'un ancien commissariat de police pour y abriter des personnes sans domicile, le 11 janvier 2020 à Paris. (JULIETTE PAVY / HANS LUCAS)

C'est le même cri d'alarme chaque année. Et les mêmes chiffres accablants : quatre millions de personnes n'ont pas de logement ou sont mal-logées en France, selon le 25e rapport de la Fondation Abbé-Pierre sur l'Etat du mal-logement en France, publié jeudi 30 janvier. Mais autour de ce noyau dur, la crise du logement touche plus d'un Français sur cinq, à différents degrés. Voici les cinq chiffres à retenir du document.

Près de 15 millions de personnes touchées

Pour la Fondation Abbé-Pierre, "quatre millions de personnes souffrent de mal-logement ou d'absence de logement personnel". Mais "autour de ce noyau dur du mal-logement se dessine un halo beaucoup plus large, aux contours parfois flous, de personnes affectées par la crise du logement, de manière moins prégnante, mais avec de réelles répercussions sur la vie de famille, la santé, l'environnement quotidien, le confort ou les fins de mois", poursuit-elle.

Au total et à des degrès divers, près de 15 millions de personnes sont concernées par la crise du logement. Parmi elles, plus d'1,2 million de locataires sont en situation d'impayés de loyers ou de charges et risquent l'expulsion, selon la Fondation.

Plus de 4 millions de personnes vivent à l'étroit

Un des premiers indicateurs du mal-logement est le manque d'espace. Près de 4,3 millions de personnes modestes vivent en situation de surpeuplement dit "modéré", c'est-à-dire qu'il leur manque une pièce par rapport à la norme d'occupation. Cette norme prévoit un minimum de 9 m2 pour une personne seule, 16 m2 pour un couple et 9 m2 par personne supplémentaire.

Le surpeuplement est dit "accentué", lorsqu'il manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement : 934 000 personnes sont dans cette situation. Sur les quatre millions de mal-logés, on estime à plus de 2,8 millions le nombre de personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles du point de vue du confort.

Près de 3,6 millions de Français ont froid

La précarité est aussi énergétique pour les foyers modestes. Les Français sont 44% de plus qu'en 2006 à se priver de chauffage à cause de son coût, et près de 3,6 millions de personnes ont froid dans leur logement, pour des raisons liées à la précarité. 

Plus généralement, l'effort financier excessif pour payer des loyers trop élevés touche plus de 5,7 millions de personnes, qui consacrent plus de 35% de leurs revenus au logement. Ce qui ne leur laisse qu'un revenu inférieur à 65% du seuil de pauvreté pour vivre, soit 650 euros par mois et par unité de consommation. Seul indicateur encourageant, le confort sanitaire qui continue à s'améliorer : 99% des logements disposent désormais de l'eau courante, de toilettes à l'intérieur et de chauffage.

Les expulsions en hausse de 3%

En 2018, le nombre d'expulsions locatives a atteint un nouveau record. Plus de 36 000 personnes ont été expulsées avec le concours de la force publique, soit une hausse de 2,9% sur un an. Entre deux et trois fois plus de ménages ont été en réalité expulsés, car beaucoup partent avant l'arrivée des forces de l'ordre, estime l'association de lutte contre le mal-logement.

Le parc de logement inadapté pour les 35% de ménages célibataires 

"Seul face au logement"Cette année, la Fondation Abbé-Pierre fait un focus sur les personnes seules. "Si la situation des familles qui en sont victimes est fréquemment mise en avant, le sort des personnes seules est généralement oublié"estime-t-elle. Pourtant, fait-elle valoir, les tendances démographiques (divorce, veuvage…) "conduisent à un accroissement des personnes célibataires, qui représentent aujourd'hui 35% des ménages français". Pour l'association, "cette évolution majeure interroge un modèle de protection sociale et un parc de logements historiquement pensés pour les familles et nécessite une politique du logement adaptée".

Les sans-domicile, note-t-elle aussi, sont de plus en plus souvent des personnes seules. Aujourd'hui, 65% des 143 000 Français sans-domicile sont sans conjoint ni enfant à charge. La Fondation Abbé-Pierre met en garde contre un phénomène qui s'aggrave mais reste "un angle mort" des politiques de lutte contre la pauvreté.

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