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Témoignages "Je ne veux pas que mes amis sachent que je vis dans la rue" : de plus en plus d'enfants sans-abri faute d'hébergements d'urgence

Environ 2 000 enfants scolarisés sont contraints de dormir dehors en France, faute de places en hébergement d'urgence. Un collectif d'associations et des élus se mobilisent lundi pour interpeller les autorités sur cette situation qui s'aggrave, comme ici à Lyon.

Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des tentes hébergent des sans abris.  (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Cette nuit-là, Jalal et Amira, un couple de Tunisiens sans-abri, dorment dans un hôtel de Lyon et nous accueillent dans leur cuisine. Cette nuit de répit est financée par un collectif de parents, grâce à des goûters solidaires. "C'est grâce à eux. Normalement, on est dans la rue, on dort dans un parking le soir, on n'a pas de couverture comme ça", raconte Amira, la maman. Des conditions de vie difficiles à supporter pour les enfants, pourtant scolarisés : "ils toussent, ils ont le nez qui coule, on a froid", poursuit Amira. "La petite n'est vraiment pas bien moralement, ajoute le papa, Jalal, elle me disait déjà 'je ne veux pas que mes amis sachent que je vis dans la rue'.

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Comme dans cette famille, les enfants sans solution de logement sont de plus en plus nombreux à Lyon depuis la rentrée, faute de place d'hébergement. "On a déjà téléphoné au 115 plusieurs fois depuis deux mois, chaque soir, on appelle le 115", assure Amira. Aucun hébergement d'urgence pour cette famille tunisienne qui a fui la crise dans son pays.

Des places d'hébergement supprimées

Une situation partagée par Anissa, une Albanaise, et sa famille, qui rencontre les mêmes difficultés. "On dort dehors depuis le mois de mai, sous une tente près de la gare Part-Dieu", explique-t-elle.

"Ma fille n'a pas d'espace pour faire ses devoirs ou même une table simplement pour dessiner. Elle ne peut pas prendre de douche comme tout le monde."

Anissa

à franceinfo

Ces enfants contraints de vivre dehors, dont les parents demandent souvent l'asile, sont de plus en plus nombreux selon le collectif d'associations Jamais sans toit. Il a recensé à ce jour "194 enfants dans l'agglomération lyonnaise, 26 enfants de moins de trois ans, dont un bébé de deux mois", explique Raphaël Vulliez qui anime ce réseau. "Au niveau national, il n'y a pas de statistiques officielles. Le chiffre qu'on avait, mais qui n'est pas exhaustif, c'est que fin août, il y avait 1 658 enfants dont les demandes de 115 n'ont pas été pourvues et que ce chiffre avait augmenté", précise-t-il. 

Un mois plus tard, ce chiffre a augmenté "de 30%" selon les estimations, ce qui porte à plus de 2 000 le nombre d'enfants à la rue. "Là, il y a eu 7 000 suppressions de places d'hébergement d'urgence cette année et il y en a 7 000 qui sont prévus pour l'année prochaine au projet de loi de finances. C'est une décision complètement irresponsable", dénonce Raphaël Vulliez.

Jamais sans toit s'est uni à l'Unicef, à la FCPE, à la Fondation Abbé-Pierre et à plusieurs parlementaires pour interpeller les décideurs et tenter d'améliorer la situation avant l'hiver qui arrive. Un rassemblement est prévu ce lundi 17 octobre devant l'Assemblée nationale.

De plus en plus d'enfants dorment dans la rue à Lyon - Le reportage de Mathilde Imberty

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