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Un dispositif pour accueillir les SDF atteints de pathologies mentales lourdes déployé dans une quinzaine de villes en France

Un décret publié au Journal officiel vendredi vient de donner un cadre pérenne au dispositif "Un chez-soi d'abord". Le programme attribue des logements à des SDF atteint de pathologie mentales lourdes pour les réintégrer dans une vie ordinaire. Et c'est un succès.

Article rédigé par Isabelle Dor
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le principe est d'attribuer des appartements à des personnes à la rue, atteintes de pathologies lourdes et développer l'accès aux soins et l'intégration (KENZO TRIBOUILLARD / AFP (illustration))

Loin des hébergements temporaires, déployés dans l'urgence avec le froid de ces derniers jours, le dispositif "Un chez-soi d'abord", en test depuis 5 ans à Lille, Toulouse, Paris et Marseille, vient de se voir doté d'un cadre juridique pérenne. Un décret publié vendredi au Journal officiel prévoit ainsi prévoit d'étendre ce dispositif à une quinzaine de villes en France. Le principe est d'attribuer des appartements à des personnes à la rue, atteintes de pathologies lourdes et développer l'accès aux soins et l'intégration.

Le programme est un succès à Marseille

A Marseille, par exemple, le dispositif permet aujourd'hui d'accompagner une centaine de sans-abris. C'est l'équipe de Vincent Girard, le médecin à l'initiative du programme, qui sélectionne les SDF devenus locataires. Le praticien explique : "Nous voulions faire la preuve qu'il était possible de donner un logement ordinaire même aux personnes les plus difficiles : celles qui avaient passé une longue période de leur vie dans la rue, qui n'avaient plus de lien social et qui avaient une maladie mentale sévère. Et c'est une réussite."

Un logement seul ne suffit pas. Il faut un accompagnement médical et psychologique, explique la psychiatre Aurélie Tinland : "C'est un accompagnement médico-social qui s'adapte, tout à fait alternatif par rapport à la psychiatrie, qui permet aux plus précarisés, aux plus marginalisés de s'en sortir."

J'étais dans un état lamentable. Dans un état de légume végétatif. Je suis tombée dans les stupéfiants, dans l'alcoolisme

Isabelle, 48 ans, deux ans d'errance dans la rue

Emblématique de la réussite de ce programme, Isabelle, 48 ans, quatre enfants, schizophrène, ancienne assistante bancaire, a vécu deux ans en errance dans la rue après la mort de son conjoint. "J'étais dans un état lamentable. Dans un état de légume végétatif. Je suis tombée dans les stupéfiants, dans l'alcoolisme. On cherche la lumière qu'on a pas. Je me suis retrouvée en psychiatrie sans comprendre le parcours dans lequel je me trouvais."

"On retrouve une adresse, une carte vitale, le sourire des gens" - Isabelle, 48 ans, 2 ans d'errance

Deux ans après, elle renait : "Je me suis retrouve aujourd'hui dans un appartement propre, blanc. Je suis chez moi. Je peux être propre, me changer, laver mon linge. On retrouve une adresse, une carte vitale, le sourire des gens. Et puis un retour à la vie : on sort faire ses courses, les gens vous disent bonjour, vous sourient. Un retour à la santé aussi : on va chez le médecin, on va chez le dentiste. Alcool, drogue ?J'ai complètement décroché."

Un SDF logé coûte moins cher qu'un SDF à la rue

Selon les responsables du centre marseillais, sur le plan financier, un SDF "logé" coûte 14 000 euros par an. Dans la rue, il revient à la société 18 000 euros par an en soins et hospitalisation. Soit 4 000 euros d’économie par personne et par an…

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