Immobilier : vivre entre zones rurales et urbaines, le choix des jeunes "rurbains"
Elise et Julien, en couple, et Thomas, ont cherché à s'installer en centre-ville ou en proche banlieue d'une grande ville, avant de s'éloigner pour trouver leur bonheur. Francetv info a recueilli leurs témoignages.
Comment a évolué votre pouvoir d'achat immobilier depuis 2000 ? Combien avez-vous perdu ou gagné de mètres carrés ? C'est la question à laquelle francetv info va tenter de répondre toute cette semaine à travers une série d'articles et un moteur de recherche exclusif à retrouver ici : "Prix de l'immobilier, calculez l'évolution de votre pouvoir d'achat".
Travailler en ville et habiter à proximité, au milieu d'espaces à la fois verts et résidentiels, c'est, pour certains Français désignés sous le terme de "rurbains", un idéal de vie. Et une tendance qui prend de l'ampleur. D'après l'Insee, l'accession à la propriété s'est développée ces dix dernières années "dans les zones rurales, qu'elles soient éloignées ou péri-urbaines : 29% des accédants récents habitent ainsi en zone rurale, contre 25,5% au début des années 1990".
Elise et Julien, en couple, ou encore Thomas, ont cherché à s'installer en centre-ville ou en proche banlieue d'une grande ville, avant de s'éloigner pour trouver leur bonheur. Pourquoi ce choix ? Parce qu'aujourd'hui, avec le même budget qu'il y a quelques années, on achète moins de mètres carrés. "Entre la fin des années 90 et mi-2008, les prix des logements anciens ont augmenté de façon ininterrompue", selon l'Insee. Pour illustrer ce phénomène, francetv info a demandé à des Français de raconter leur expérience dans l'immobilier.
1Thomas, célibataire, a acheté à 10 km de Montpellier
Au départ, Thomas, 28 ans, policier municipal, cherchait un logement dans le centre-ville de Montpellier (Hérault). Il a finalement acheté un appartement neuf sur plan à Jacou, une petite ville située à une dizaine de kilomètres du centre historique de la préfecture héraultaise. Il a acquis seul en 2011 ce deux-pièces de 44 m2, doté d'une terrasse de 18 m2 et d'un box en sous-sol, livré terminé, pour 153 000 euros. Il avait un apport d'un peu plus de 50 000 euros et a emprunté environ 100 000 euros sur 25 ans, avec un crédit à 3,65% et un prêt à taux zéro.
"Je n'ai pas trouvé ce que je voulais dans Montpellier : soit c'était dans mon budget mais trop défraîchi, soit c'était neuf mais hors de prix", explique Thomas, qui a donc trouvé une forme de compromis en achetant dans un quartier neuf de Jacou.
2Elise et Julien, propriétaires à 35 km d'Aix-en-Provence
Depuis qu'ils ont emménagé ensemble en 2010 à Gardanne (Bouches-du-Rhône), à environ 12 km d'Aix-en-Provence, Julien, 27 ans, mécanicien et Elise, 26 ans, dessinatrice dans un bureau d'études, voulaient devenir propriétaires. Ils ont commencé par chercher à Gardanne et dans l'ensemble de la proche banlieue d'Aix-en-Provence. En janvier 2011, ils ont eu "le coup de foudre" pour une maison située beaucoup plus loin, à environ 35 km du centre d'Aix-en-Provence. Ils l'ont achetée 245 000 euros, avec un apport personnel de 13 000 euros et trois crédits sur 25 ans. D'une surface de 90 m2, avec un terrain de près de 3 000 m2, elle est située à La-Bastide-des-Jourdans, un gros village du Vaucluse.
"C'était très compliqué de trouver un logement qui nous correspondait vraiment. Le rapport qualité/prix des maisons qu'on nous avait proposées près d'Aix-en-Provence ne nous convenait pas. C'est pour cette raison qu'on s'est éloignés", détaille Julien. Ne pouvant s'installer dans une zone pavillonnaire près d'Aix, ils auraient pu choisir d'habiter dans le centre-ville. Mais cela ne correspondait pas à leur idéal de vie : posséder un terrain était une de leurs priorités.
Que révèlent ces témoignages ?
L'expérience d'Elise et Julien illustre une réalité propre à Aix-en-Provence et Marseille. Dans ces deux villes, entre 1998 et 2010, plus on s'éloigne du centre, plus les prix augmentent, selon une étude de la chaire Ville et Immobilier de l'université Paris-Dauphine (document PDF). "Les appartements affichent quasiment +10% en banlieue par rapport au centre, et surtout près de +55% dans le périurbain. La structure des prix qui en ressort montre que l'étalement urbain ne peut pas s'interpréter partout comme un mécanisme de refoulement des populations les plus modestes vers la périphérie, expliquent les auteurs de l'étude, Claire Julliard et François Cusin. Ce modèle 'inversé' rappelle que le périurbain peut constituer l'espace privilégié des catégories supérieures."
De ce point de vue, Montpellier connaît une situation quasiment similaire à celle de Marseille-Aix. "Montpellier a la 2e couronne périurbaine la plus chère, mais la 5e ville-centre la moins chère", indique l'étude. Thomas, qui n'a pas encore 30 ans et est célibataire au sens juridique, aurait donc pu rencontrer des difficultés pour trouver un appartement conforme à ses besoins.
Finalement, il est devenu propriétaire rapidement, pour trois raisons. D'abord, il a un emploi stable et un apport personnel conséquent. "Quand j'ai voulu emprunter, les banquiers m'ont accueilli à bras ouverts !", raconte-t-il. Ensuite, parce que c'est dans une petite ville encore en expansion qu'il a trouvé son appartement. Jusqu'en 1968, la population de Jacou ne dépassait pas les 250 habitants, selon l'Insee. En 2006, elle a connu un pic à 4 997 habitants. Cette année-là, le terminus d'une ligne de tramway montpelliérain a été installé à Jacou.
Enfin, les témoignages de Thomas et Julien montrent que les attentes par rapport au logement ont changé. "Les primo-accédants cherchent davantage un logement pas trop cher et pas trop loin du centre-ville. Ils intègrent aussi le coût des transports dans le prix immobilier", analyse Yankel Fijalkow, sociologue urbaniste rattaché au Centre de recherche pour l'habitat, interviewé par francetv info. Ainsi, Thomas "ne regrette pas" de ne pas être "en pleine ville". "Je pense même que j'évite des difficultés de stationnement !", ajoute-t-il.
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