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Les taux d'intérêt des crédits immobiliers sont au plus bas : devez-vous vite prendre rendez-vous avec votre banquier ?

En ce début du mois de juin, le crédit immobilier atteint des taux d'intérêt historiquement bas. Les banques acceptent massivement les demandes de prêts. Alors, faut-il se précipiter ? Franceinfo a interrogé une spécialiste du secteur. 

Article rédigé par Marion Bothorel - Propos recueillis par
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Acheter un logement occupé par un locataire : une bonne opération pour des investisseurs mais il faut prendre quelques précautions (Photo d'illustration)  (MAXPPP)

Une bonne nouvelle si vous comptiez acheter une maison ou un appartement dans les prochains mois. Les taux d'intérêt des crédits immobilisers sont tombés à leur niveau le plus bas en France, soit une moyenne de 1,29%, selon le rapport mensuel de l'Observatoire Crédit Logement/CSA, dévoilé mardi 4 juin. Ce record s'inscrit dans une tendance à la baisse depuis plusieurs années, permettant aux Français d'obtenir des durées de remboursement particulièrement longues et avec moins d'apport personnel. Alors, doit-on courir tout de suite chez son banquier ? Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, un réseau de 200 agences de courtage et de crédit, répond à nos questions. 

Franceinfo : Avec une moyenne de 1,29% pour les taux d'intérêt des crédits immobiliers, conseillez-vous de se ruer au plus vite chez le banquier ? 

Sandrine Allonier : Oui, les taux de crédit ont franchi de nouveaux records. Les derniers dataient de 2016, avec une moyenne de 1,33%. L'objectif pour les banques qui proposent ces taux record est de booster la demande et d'inciter les gens à acheter. Actuellement, le marché immobilier est très dynamique avec beaucoup de transactions immobilières et des gens qui achètent leur résidence principale pour la première fois. C'est aussi l'occasion de déménager, d'acheter un logement plus grand sans augmenter ses mensualités.

Le phénomène nouveau, c'est que les banques acceptent de prêter sur des durées longues – 19 ans en moyenne – et qu'il est possible de négocier un montant plus important pour faire face à la hausse des prix.

Sandrine Allonier, stratégiste chez Vousfinancer, société de courtage

à franceinfo

C'est le moment d'acheter pour profiter de ces taux bas, qui permettent d'emprunter à moins de 1% sur vingt ans pour les meilleurs profils. Car il faut d'abord que la banque accepte de prêter. Là, on a l'impression que, sous prétexte de taux bas, les banques prêtent systématiquement. Or, elles demandent un minimum de garanties, c'est-à-dire d'avoir au moins un CDI dans un couple, d'avoir terminé sa période d'essai en cas de nouvelle embauche et, de préférence, de disposer de 10% d'apport pour financer les frais de notaires. Certaines banques demandent également d'avoir des comptes bien tenus, pas de découverts, pas trop de crédits à la consommation.

Est-ce aussi le bon moment pour renégocier son crédit ? 

Pour ceux qui veulent renégocier leur crédit, c'est le moment, mais pas dans leur banque. Celle-ci peut accepter de baisser leur taux de crédit à condition qu'il n'y ait pas eu de problème, que les relations soient bonnes avec la banque. Le conseil que je donne, c'est de réfléchir à changer de banque. La renégociation de prêts est un moyen facile pour les banques de capter de nouveaux clients.

Actuellement, tous les crédits qui ont été souscrits à plus de 2% peuvent être renégociés. Il faut mettre en concurrence les banques et en profiter aussi pour renégocier l'assurance de prêts, pour réaliser davantage d'économies.

Les taux risquent-ils d'évoluer rapidement ou peut-on se donner un délai de réflexion ? 

Les taux vont rester comme ça jusqu'à la fin de l'année, voire plus. Toutes les conditions sont réunies pour que les banques continuent de proposer des taux bas, notamment grâce à la politique de la Banque centrale européenne. Il n'y a donc pas d'urgence : mieux vaut ne pas se précipiter pour finaliser son projet d'achat et attendre la rentrée. D'autant plus que les prix augmentent dans les zones tendues, dans les grandes villes, où il y a peu d'offres de biens immobiliers mais beaucoup de demandes. 

Le seul risque d'attendre, c'est qu'en fin d'année, vers novembre, les banques pourraient avoir trop prêté. Elles pourraient fermer les vannes ou augmenter leurs taux de crédit. Mais il est encore bien trop tôt pour le dire.

Sandrine Allonier

à franceinfo

Certains experts ne considèrent pas ces taux comme une bonne nouvelle et craignent l'éclatement d'une bulle spéculative. Doit-on s'en inquiéter, selon vous ?

En début d'année, la demande de crédits immobiliers était plutôt en retrait avec le contexte économique et social, autour du mouvement des "gilets jaunes". Depuis le mois de mars, avec la baisse des taux, il y a un réel dynamisme avec 20% de demandes en plus en 2019 par rapport à 2018, qui était déjà une belle année. Les objectifs de production de crédits des banques sont élevés et après deux-trois années de records de crédits, les banques engrangent beaucoup. 

Je pense qu'il n'y aura pas une bulle spéculative. Le risque d'acheter quelques produits surévalués existe toujours, mais les banques sont très attentives là-dessus : par exemple, elles peuvent refuser l'achat d'une maison excentrée si cela implique l'achat d'un deuxième véhicule par la suite. Nous sommes actuellement dans une phase de remontée des prix, ce qui permet de prêter toujours plus grâce à la baisse des taux et à l'allongement des crédits. Mais cette solution n'est pas infinie, les banques ne pourront pas toujours allonger la durée des prêts. Comme les banques sont prudentes dans leur politique de prêts, je suis assez confiante. Les Français achètent pour se loger, pas pour spéculer, comme c'était le cas dans les années 1990 notamment. C'est souvent parce qu'ils ont le projet de devenir primo-accédants, donc vraiment, je n'ai pas cette inquiétude là-dessus.

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