"Ce n'est jamais une bonne nouvelle" : à Paris, le risque d'une augmentation d'impôts est fraîchement accueilli par les contribuables

Faute d'adoption du projet de budget 2025 qui prévoyait d'indexer le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation, près de 400 000 ménages supplémentaires risquent de payer l'impôt sur le revenu et quelque 18 millions pourraient le voir augmenter en 2025.
Article rédigé par franceinfo, Mélanie Kuszelewicz
Radio France
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Benoît Perrin, directeur de Contribuables Associés et Pauline Lévêque, chargée des relations avec les membres de l'association, à Paris, le 5 décembre 2024. (MELANIE KUSZELEWICZ / RADIO FRANCE)

Sans budget 2025 en l'état actuel, les impôts vont augmenter pour 17,6 millions de contribuables entre 50 et 100 euros d'impôts sur le revenu de plus par an, avec le gel du barème de l'impôt sur le revenu, si le budget 2024 est reconduit. Des prévisions provenant de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Cette hausse concerne les contribuables qui ont vu leur salaire revalorisé l'année dernière et indexé sur l'inflation. Parmi ces contribuables, 380 000 ménages vont devenir imposables.

Pauline élève seule ses deux filles à Paris et jusqu'à présent, elle n'était pas imposable, mais elle redoute plus que jamais de le devenir. "Déjà à l'heure actuelle, j'ai du mal à m'en sortir, confie Pauline. Donc payer un impôt quand vous avez du mal à payer vos factures, c'est quand même un effort supplémentaire. Et c'est vrai que quand on est seule, on ne peut compter que sur soi-même et finalement, on est davantage obligé de dire aux enfants que 'non, finalement, je ne peux pas acheter ça parce que je dois payer des impôts'."

Brigitte est concierge à la retraite avec une petite pension va, elle aussi, devoir faire des arbitrages. "Sur les choses importantes comme se nourrir, ça va, explique-t-elle. Donc si je vais rogner, ça sera peut-être sur les sorties ou les vêtements, en donner un peu moins aux petits enfants. Même chose." Pour Aurélien, en béquilles : "Je suis malade. J'ai de la chance de ne pas sortir. Mais jusque-là, la première chose qu'on coupe, c'est les loisirs, les sorties comme les restaurants. On va peut-être faire attention à tout ça."

"Ce n'est jamais une bonne nouvelle"

Un peu plus loin, pour Théophile et Antoine, des cadres supérieurs consultants informatiques, ce n'est pas tellement le montant qui pose problème. "Ce n'est jamais une bonne nouvelle. Une augmentation d'impôts, notamment avec la dette qui a crevé le plafond cette année par rapport aux prévisions. C'est un peu pénible de se sentir comme la principale variable d'ajustement de tout ça." "Une augmentation d'impôts dans un pays parmi les plus imposés du monde, ce n'est jamais quelque chose de positif, poursuit Antoine. Après, c'est un peu le jeu, on l'accepte, ou on le quitte. Donc soit on l'accepte, soit on déménagement."

Une association de défense des contribuables en appelle donc à la responsabilité des élus. "Globalement, l'augmentation devrait être entre 50 et 100 euros par foyer fiscal, explique Benoit Perrin, directeur de Contribuables Associés. Qu'il y ait un vote ou non du budget, on veut absolument que le barème soit indexé sur l'inflation. La Constitution et les règles fiscales leur permettent. Et donc par amendement, il est tout à fait possible a posteriori de permettre cette indexation du barème de l'impôt sur le revenu."

Cette indexation du barème pourrait en effet être intégrée à la loi spéciale prévue pour assurer la continuité de l'État. Reste à savoir si cela est constitutionnel ou non. La question est en débat. Si c'est le cas, il n'y aurait finalement pas de hausse d'impôts pour les contribuables concernés.

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