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"Pandora papers" : un ancien député abrité derrière une société aux Seychelles

En 2012, l'ex-député et président du Conseil départemental du Loir-et-Cher Nicolas Perruchot a bénéficié d'une société basée aux Seychelles. L'ancien élu fait actuellement l'objet d'une enquête préliminaire sur des mouvements financiers suspects.

Article rédigé par franceinfo - Abdelhak El Idrissi et Elodie Guéguen de la Cellule investigation de Radio France, avec l’ICIJ et ses partenaires
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas Perruchot fait un discours lors de la fête de la Violette organisé par des parlementaires Républicains à La Marolle-en-Sologne, le 19 septembre 2020. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Un passeport, une quittance EDF, et deux factures d’un cabinet offshore. Ces quelques documents révèlent l’existence d’une société créée en 2012 aux Seychelles au bénéfice de Nicolas Perruchot, l’ancien député et président du Conseil départemental du Loir-et-Cher. Pour la créer, il est passé par les services de SFM en Suisse, l’une des 14 structures dont les données ont fuité, et qui sont au cœur des "Pandora Papers", projet mené par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) avec la Cellule Investigation de Radio France.

>> "Pandora Papers" : des milliers de milliards de dollars toujours à l’abri dans des paradis fiscaux

On découvre en lisant la première facture de SFM, éditée en octobre 2012, le nom de cette société basée aux Seychelles : Black Tree Holdings Incorporated. On y voit aussi le détail les prestations effectuées pour le compte de Nicolas Perruchot : création de la société, désignation d’un actionnaire et d’un gérant prête-nom. L’ouverture d’un compte bancaire est également mentionnée, suivie de la mention "Suisse ?". Le total de la facture visant à créer la société s’élève à 2 140 euros.

La facture suivante, d’un montant de 1 420 euros, date, elle, de 2014 et concerne le renouvellement de la société pour la période allant d’octobre 2013 à septembre 2014. Les "Pandora Papers" n’en disent pas plus sur son activité. Le passeport de Nicolas Perruchot et sa quittance EDF permettent en tout cas de certifier l’identité du bénéficiaire. Au moment de la création de l’entreprise, il venait de perdre son siège de député, mais il restait conseiller régional. Sollicité, il n’a pas répondu à nos questions.

Une enquête ouverte en juillet pour des fonds suspects

Parallèlement, l’ancien président du conseil départemental du Loir-et-Cher, est au cœur d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Blois à la suite de révélations de mouvement de fonds suspects, mises au jour par la cellule investigation de Radio France, France 3 et franceinfo.

Le 9 juillet, la radio et la télévision publiques dévoilaient l’existence de transferts d’argent entre une association créée par Nicolas Perruchot, l’Observatoire du dialogue social (ODS), et le compte personnel de l’élu. La structure associative avait reçu plusieurs dizaines de milliers d’euros de dons, de la fédération française du bâtiment (FFB) et d’entreprises de la région Centre. Quelques mois plus tôt, Le Canard enchaîné avait affirmé que Nicolas Perruchot avait fait construire une villa de 1,27 million d’euros en Corse grâce à un prêt bancaire supposé très avantageux.

Surnommé "le tombeur de Jack Lang" pour lui avoir ravi la mairie de Blois, l’élu LR avait annoncé son retrait de la vie politique en janvier 2021.

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