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Le PDG de Veolia juge "pitoyable" le transfert juridique à l'étranger de la branche Eau France de Suez

Hostile à son rachat par Veolia, le groupe Suez a décidé de créer une fondation de droit néerlandais pour y placer sa branche Eau, et la rendre inaliénable sans accord des actionnaires.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, lors de l'assemblée générale du groupe, le 18 avril 2019 à Paris. (ERIC PIERMONT / AFP)

Le PDG de Veolia, qui cherche à mettre la main sur Suez, a qualifié de "pitoyable" la décision de son concurrent de créer un dispositif juridique rendant incessible sa branche Eau française pendant quatre ans.

C'est une "dernière manœuvre un peu pitoyable de désertion et de transfert à l'étranger de l'activité Eau France", a déclaré Antoine Frérot sur BFM Business, jeudi 24 septembre. Hostile à l'intérêt de Veolia, le groupe Suez avait annoncé la veille sa décision de placer sa branche sous la responsabilité d'une fondation de droit néerlandais, qui sera spécialement créée pour rendre inaliénable toute cession de l'activité sans accord des actionnaires.

Veolia et Suez sont deux poids lourds mondiaux de la gestion des déchets et de l’eau. Le premier groupe a proposé à Engie de lui racheter pour 2,9 milliards d'euros ses 29,9% de parts dans Suez, avant de lancer une OPA sur le reste des actions, afin de créer un "champion mondial de la transformation écologique", expliquait fin août Antoine Frérot sur franceinfo. Du côté de Suez, personne ne veut entendre parler de rachat, mais Antoine Frérot doit rencontrer ce jeudi le PDG d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, dont le groupe a jusqu'au 30 septembre pour répondre à l'offre.

>> Offensive de Veolia sur Suez : six questions sur une tentative de rachat controversée à l'issue incertaine

"Aujourd'hui, [les dirigeants de Suez] transfèrent dans un paradis fiscal, les Pays-Bas, un de leurs actifs les plus importants", l'Eau France, a déclaré Antoine Frérot, dénonçant "une politique financière pour s'opposer à un projet industriel". Pour lui, ils "ont trahi leur entreprise, leurs actionnaires, y compris Engie, ils ont même trahi la France. (…) Quand on défend son poste plutôt que son entreprise face à un projet d'intérêt national, j'estime qu'on trahit et son entreprise, et la France."

Ce coup fourré n'est pas de nature à me décourager, je porte un projet qui me semble important pour Veolia, pour Suez et pour notre pays.

Antoine Frérot, PDG de Veolia

sur BFM Business

Suez refuse d'être absorbé par Veolia, au nom de son propre potentiel de création de valeur en tant que groupe indépendant. Son activité Eau France, son métier historique, est au cœur de la bataille, Veolia prévoyant de la céder pour répondre à la législation sur la concurrence. En créant une fondation, Suez veut notamment avoir son mot à dire sur le sort de la branche Eau, a expliqué le président du conseil d'administration, Philippe Varin. La direction de Suez, qui met en avant des risques pour la concurrence et l'emploi, est soutenue par l'intersyndicale, très remontée contre le projet.

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