Rillettes et crémant plutôt que champagne et foie gras : avec l'inflation, les Français changent leurs menus pour les réveillons

Article rédigé par Théo Uhart - Géraldine Houdayer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Dans les rayons, les consommateurs délaissent les produits premium au profit d'alternatives plus bon marché. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
À cause de l'inflation et du prix de certains produits dits "premium", les ventes de champagne et de foie gras sont en chute libre cette année. Et cela profite à des produits plus ou moins insolites sur les tables des fêtes de fin d'année.

Une chute spectaculaire. Les ventes de plusieurs produits phares du réveillon sont en très forte baisse depuis deux ans. Et si ces chiffres ne concernent que les supermarchés, ils sont révélateurs d'une tendance plus large, assure NielsenIQ, cabinet spécialisé dans la grande consommation. Les ventes de champagne ont ainsi été amputées d'un tiers entre novembre 2021 et novembre 2023. C'est pire pour le foie gras, qui a vu ses ventes perdre 41% sur les deux dernières années. Enfin, les achats de saumon fumé, autre star de Noël, ont plongé de 16,4% sur la même période.

"Ce qu'on constate en fait, c'est un petit peu l'effet miroir de ce qu'on constate tout au long de l'année", explique Emmanuel Fournet, directeur analytique chez NielsenIQ, qui parle d'une véritable "descente en gamme". En clair, les Français remplacent de plus en plus dans leurs chariots les produits premium des fêtes par des alternatives bon marché, moins chères. "On l'avait déjà vu en 2022, ça se confirme en 2023", ajoute l'expert, alors que les fêtes sont habituellement assez préservées par ce phénomène.

"On voit vraiment que cette descente en gamme se fait non seulement tout au long de l'année, mais aussi sur les périodes de fêtes qui sont pourtant, dans les déclarations des consommateurs, une période préservée en termes de dépenses."

Emmanuel Fournet, directeur analytique chez NielsenIQ

à franceinfo

Alors comment expliquer ce report ? "C'est clairement l'inflation" qui en est la cause, détaille le directeur analytique de NielsenIQ. Et, précise-t-il, "ce n'est pas tant l'inflation sur ces produits-là, parce qu'ils n'ont pas forcément été beaucoup plus inflationnistes que le reste du panier de grande consommation, que le fait que l'ensemble des prix a très fortement augmenté depuis deux ans. C'est clairement l'inflation de manière générale qui a un impact sur la consommation des Français".

De nouveaux produits sur la table du réveillon

Fini donc champagne et foie gras, place au crémant et aux rillettes ! Car si les ventes des produits premium plongent, c'est au profit d'autres produits moins chers. Ainsi, le nombre de bouteilles de mousseux a progressé de 3,6% en deux. Le pâté et les rillettes aussi s'invitent au menu du réveillon, en remplacement du foie gras, gagnant respectivement 2,8% et 7,2% de volume de vente en deux ans. Enfin, si le saumon fumé semble avoir résisté l'an passé, le basculement sur un an au profit de la truite fumée est assez net. Sur un an, les ventes de cette dernière ont progressé de 7,6%.

Une dernière catégorie voit aussi cette bascule s'opérer : les chocolats. "On achète des chocolats plus classiques de confiseries, du chocolat en tablette, au détriment des chocolats de fête", note Emmanuel Fournet.

"Diviser sa facture par deux"

Il faut dire que cette descente en gamme peut faire une vraie différence sur le ticket de caisse. "On peut quasiment diviser par deux sa facture en achetant parfois des bons mousseux ou des bons proseccos plutôt qu'un champagne entrée de gamme à 20 euros", détaille le directeur analytique de NielsenIQ. 

"C'est vraiment un nouveau comportement de faire des fêtes un petit peu plus accessibles, un petit peu plus modestes en termes de dépenses. Et c'est intéressant de voir que certaines communications de grandes enseignes s'emparent" du phénomène, souligne-t-il en citant l'exemple d'une pub pour de la truite fumée, servie lors du réveillon, et où les convives ne se rendent pas compte qu'il s'agit de truite et non de saumon. "C'est une réalité, alors les marques et les distributeurs commencent à s'en emparer."

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