: Reportage "Si je répercute coût sur coût, ça peut devenir invendable" : des consommateurs aux producteurs, la hausse du prix du beurre inquiète
Avec plus de 21% d'augmentation en un an, le beurre fait partie des produits qui a le plus augmenté. En Normandie, la plaquette coûtera dix centimes de plus en janvier.
Le beurre est une institution sur le petit marché de Veauville-lès-Baons, au nord d'Yvetot, en Normandie. "On en mange pas mal dans les pâtes, sur les biscottes, le pain... N'est-ce pas que Papy mange beaucoup de beurre ?", assure Eva en interpellant sa petite-fille. Mais, au moment de parler du prix, elle fait la grimace : "On en a ras-le-bol. On fait avec, on n'a pas le choix mais on aimerait bien que ça s'arrête..." Avec l' inflation, le beurre fait partie des produits qui ont beaucoup augmenté (+ 17% sur un an au niveau national). En Seine-Maritine, l'un des départements les moins chers , son prix a grimpé de 18% sur les douze derniers mois, voire même 21% pour les marques distributeurs.
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Mauvaise nouvelle pour Eva : vendue à 3,50 euros sur ce marché normand, la plaquette va devenir plus chère en janvier 2023. Le beurre est produit à quatre kilomètres, à Hautot-Saint-Sulpice. Ici, pas de vaches rousses mais des blanches et noires, des Prim’Holstein.
Une centaine au total sur l'exploitation de Guillaume. L'agriculteur s'est résolu à augmenter de dix centimes : "Si je répercute coût sur coût, il faudrait que je mette au moins trente centimes par plaquette ! Mais ça peut devenir invendable..." Une des solutions serait un hiver froid, pour réduire la puissance du frigo et la facture d'électricité, qui a augmenté de 10% en un an.
"On est sur des trucs complètement déconnants. Je n'ai même pas peur du mot, on ne maîtrise rien !"
Guillaume, producteur de beurre en Normandieà franceinfo
Les bêtes de Guillaume ruminent sous un hangar, à l'abri du vent, allongées sur un lit de paille. La botte a pris 20% en un an et Guillaume poursuit ses comptes : "Le coût de l'alimentation pour mes bovins explose depuis cinq mois. Quand j'ai un matériel en panne, il me coûte 30 à 50% plus cher si je veux le racheter." Des hausses qui s'ajoutent à un phénomène ancien : la disparition des producteurs de lait. En France, par exemple, ils ne sont plus que deux à Hautot-Saint-Sulpice, contre plus de 100, il y a quinze ans. Le prix du lait grimpe depuis quelques années et, en bout de chaîne, celui du beurre.
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