"Près de 4 millions de femmes victimes de précarité menstruelle" en France, un chiffre qui a doublé sous le poids de l'inflation
"Près de 4 millions de femmes en France sont victimes de précarité menstruelle", affirme lundi 17 avril sur franceinfo Maud Leblon, directrice de Règles élémentaires, association qui lutte contre la précarité menstruelle. Elles sont deux fois plus nombreuses que lors du dernier recensement de l'association, en 2021, en raison notamment de l'inflation, explique Maud Leblon. Les protections hygiéniques féminines (tampons, serviettes) ont en effet augmenté de 20 centimes en moyenne sur un an, selon le cabinet de suivi de la consommation NielsenIQ, partenaire de franceinfo et France Bleu. L'association Règles Élémentaires en appelle à une "réponse d'ampleur".
franceinfo : La précarité menstruelle a-t-elle augmenté avec l'inflation ?
Maud Leblon : Près de 4 millions de femmes en France sont victimes de précarité menstruelle, elles ont des difficultés financières à disposer de suffisamment de protections périodiques pour se protéger pendant leurs règles. C'est un chiffre en hausse. En 2021, on était autour de 2 millions de femmes victimes de précarité menstruelles. Ça a quasiment doublé. Probablement parce que les femmes elles-mêmes s'identifient plus dans cette situation, mais aussi, et sûrement à cause de l'inflation.
C'est selon vous un produit oublié des paniers anti-inflationnistes ?
Les protections menstruelles sont des produits essentiels. Pour autant, elles font partie des produits les plus inflationnistes. C'est très peu proposé dans les paniers anti-inflation. Dans ceux dont on a eu accès, ça ne l'était pas. Parfois, il y a des produits d'hygiène moins essentiels, du gel pour les cheveux, de la laque, mais pas de protections périodiques. C'est pour cela que l'on se bat, pour faire connaître ce sujet et briser le tabou autour des règles.
Les protections périodiques réutilisables (culottes et coupes) seront remboursées dès 2024 pour les moins de 25 ans. Ça va dans le bon sens ?
On l'a salué dès l'annonce du gouvernement début mars. C'est une mesure forte qui permet de créer un droit pour chaque personne de moins de 25 ans. Mais que fait-on du reste des femmes ? Selon notre étude, il y a bien un quart des femmes de moins de 25 ans qui sont en situation de précarité menstruelle, mais il y en trois-quarts qui ont plus de 25 ans. Ça représente 3 millions de personnes en France. Que propose-t-on pour ces femmes-là ? C'est près d'une femme sur trois qui se trouve, dans les douze derniers mois, dans une situation de précarité menstruelle.
Que réclamez-vous des autorités ?
Il faut une réponse d'ampleur dans ce contexte de forte inflation. Les conséquences sont très importantes. Il faut le rappeler. Ne pas avoir assez de protections, c'est ne pas pouvoir aller travailler, c'est ne pas pouvoir sortir de chez soi, c'est mal utiliser les protections, trop longtemps. C'est se mettre en risque d'infections. C'est un risque pour la santé. C'est très important de pointer ce fléau du doigt. On peut le régler.
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