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"Je me suis libérée de ce poids" : la tendance du "no bra", ces femmes qui abandonnent le soutien-gorge, gagne des adeptes

De plus en plus de femmes ne veulent plus porter de soutien-gorge. Ce phénomène appelé le "no bra" s'est développé avec le confinement et a des conséquences économiques sur le secteur du sous-vêtement féminin.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soutiens-gorge dans un tiroir. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Dans le tiroir de Juliette, le soutien-gorge a presque disparu. "Franchement je ne dois même par en avoir cinq, explique la jeune femme qui fait l'inventaire de ses sous-vêtements. Il y en a un, cela doit faire trois ans que je ne l'ai pas porté, un autre qui est neuf et que je n'ai jamais mis. Dès qu'il y a une armature ou une bretelle dans le dos, j'ai complètement arrêté de les porter." 

>> Adieu soutiens-gorge et maquillage : comment l'épidémie de Covid-19 a permis à des femmes de reprendre possession de leur corps

De plus en plus de femmes abandonnent le soutien-gorge, pour plus de confort et se libérer des diktats. Une jeune femme de moins de 25 ans sur six (18%) ne porte jamais de soutien-gorge, soit une proportion quatre fois supérieure à celle mesurée avant le confinement (4%) d'après l’Institut français d’opinion publique (Ifop). Cela s'appelle le "no bra", qui prend de l'ampleur depuis le premier confinement.

Le déclic du confinement

Depuis deux ans, Juliette ne porte plus que des bodys ou des crop top sous ses t-shirts. Cette Parisienne revit : "Je n'ai plus rien qui me gêne. Je n'ai déjà plus de gêne physique. Avant, je sentais ma poitrine maintenant je ne la sens plus. J'avais des douleurs dans la poitrine et sous le bras causées par l'armature et la pression permanente, je ne les ai quasiment plus. Je suis juste libérée de ce poids." D'autres, plus nombreuses, comme Coline, s'y sont mises depuis peu. Pour elle qui travaille dans l'évènementiel, et qui est souvent tirée à quatre épingles, le confinement a été le déclic. "Cela a commencé sur le soutien-gorge et a continué sur le reste de mon style vestimentaire, raconte Coline. Je ne porte plus de jean ni de chose serrée. Je privilégie le confort. Le confinement était un peu le test."

Ce confort à tout prix fait baisser les ventes de soutien-gorge traditionnel. "Avant, c'était à peu près 60% avec armature et 40% sans armature. Maintenant, en l'espace de deux ou trois ans ça s'est inversé", développe Patricia Tranvouez, directrice générale d'Etam. Le leader de la lingerie en France a dû investir dans la recherche. Pour ne pas perdre ses clientes.

"Il ne s'agit pas juste d'avoir un soutien-gorge sans armature très simple. Cela demande au contraire de plus en plus de sophistication dans le tissage pour pouvoir accueillir des poitrines plus généreuses sans armature."

Patricia Tranvouez, directrice générale d'Etam

à franceinfo

Ce changement dans les rayons n'a rien d'un effet de mode d'après Laurence Duchiron, directrice marketing chez Princesse tam.tam : "Le soutien-gorge armaturé, symbolisé par un push-up par exemple, l'injonction c'est d'avoir des seins parfaits, plutôt ronds et hauts. Les femmes prennent une vraie distance avec cette injonction de cette idée du corps idéalisé. Et cela laisse penser que la tendance est pérenne." Des entreprises nées après le confinement ne proposent d'ailleurs plus que des modèles sans armature, sans coutures : une lingerie effet "seconde peau".

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