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La "guerre des œufs" est suspendue

Quelque 140 000 oeufs ont encore été détruits vendredi soir à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor). 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des producteurs d'œœufs détruisent environ 100 000 œœufs en les déversant devant l'entrée de l'hôtel des finances à Carhaix (Finistère) en soirée, le mercredi 7 aout 2013 . ( MAXPPP)

Leur mobilisation dure depuis quatre jours. Vendredi 9 août, 140 000 œufs ont été détruits dans la soirée à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), lors d'une nouvelle action de producteurs en colère. Au même moment, le ministère de l'Agriculture a annoncé l'organisation d'une réunion par le préfet de Bretagne, "en début de semaine" pour tenter de trouver des "solutions opérationnelles" pour juguler la production, sans détruire les oeufs : mise en place de dons à des associations caritatives, commercialisation de ces oeufs hors du circuit de l'alimentation humaine etc.

Après Ploumagoar (Côtes d'Armor) mardi et Carhaix (Finistère) mercredi, ils avaient de nouveau détruit 100 000 œufs jeudi soir à Morlaix (Finistère), donnant 5 000 œufs aux Restos du Cœur pour calmer l'opinion, choquée par ce gâchis, avant de recommencer à Saint-Brieuc. Les producteurs ont décidé de suspendre leurs actions jusqu'à la tenue d'une réunion sous l'égide du préfet de région. "Il n'y aura pas d'action samedi soir ni dimanche soir", a indiqué l'un d'entre eux. 

Qui sont les casseurs d'œufs ?

Réunis au sein d'un collectif informel, ces producteurs ne se revendiquent d'aucune organisation syndicale. Ce groupe réunit une vingtaine de producteurs, lesquels élevent un total de 2 millions de poules.

Vendredi, les agriculteurs en colère ont reçu le soutien de la puissante FNSEA, jusque là silencieuse. "Les producteurs d'oeufs français sont aujourd'hui à bout", a concédé le principal syndicat agricole, sans cautionner pour autant le recours à la destruction du produit. "Ce n'est pas en cassant des oeufs qu'on arrivera à résoudre les problèmes", a précisé vendredi Philippe Juven, vice-président de la Confédération française de l'aviculture (CFA), branche spécialisée de la FNSEA. 

Pourquoi agissent-ils ainsi ?

Le collectif dénonce la situation de surproduction d'oeufs en France et en Europe, qui fait chuter les cours."C'est la détresse. Il y en a qui vont devoir peut-être mettre la clé sous la porte dès demain parce qu'on est dans le pic des bas prix", a confié l'un des producteurs présents vendredi pour cette nouvelle action. "Aujourd'hui, j'ai vendu 110 000 oeufs 4,30 euros les cent, soit 2,70 euros en dessous du prix de revient", avait regretté dans la journée un autre membre du collectif souhaitant rester anonyme. "Je n'ai même pas pu vendre au prix du marché tellement il est encombré".

Quelles solutions proposées pour résoudre leur problème? 

"On demande à ce que 5% de la production française dégage hors d'Europe pour faire remonter les cours", a expliqué une productrice, Stéphanie Jestin, installée dans le Finistère. Pour elle, c'est aux organisations de producteurs (OP) de s'organiser pour résoudre la crise. "On attend la réponse des organisations de producteurs, et de l'Etat, car il faudrait un médiateur pour surveiller les mesures qui seront prises""Tant qu'on n'aura pas de réponse, on poursuit les actions", a-t-elle prévenu Stéphanie Jestin. Sans nouvelles des organisations de producteurs la semaine prochaine, "on doublera peut-être" la quantité d'oeufs détruits, a-t-elle mis en garde. 

A la FNSEA, Philippe Juven estime pour sa part que des mesures de réduction de la production devraient bientôt porter leurs fruits."L'interprofession a préconisé la fermeture de certains bâtiments et de prolonger le vide sanitaire" entre deux lots de poules, a-t-il ajouté. Selon lui, si le temps dédié à la désinfection des bâtiments était porté à six semaines, cela permettrait de faire baisser la production de 6% à 7%.

La Confédération paysanne, syndicat minoritaire, a de son côté estimé que cette crise était "révélatrice d'un système à bout de souffle" et réclamé que "la France et l'Union Européenne se dotent d'outils de régulation et de protection des marchés et des producteurs". 

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