Le Japon pratique "la chasse à la baleine commerciale sous couvert de pêche scientifique"
Du lundi 24 octobre au vendredi 28 octobre se tient en Slovénie la 66e réunion bisanuelle de la Commission baleinière internationale. L'association Robin des bois dénonce les pratiques de chasse menées par le Japon, l'Islande et la Norvège.
Elles sont traquées par les chasseurs, percutées par des paquebots ou se retrouvent piégées dans les filets des pêcheurs. Les baleines sont en danger. Les 88 pays de la Commission baleinière internationale se retrouvent à Portoroz (Slovénie) du lundi 24 octobre au vendredi 28 octobre pour évoquer le sort de ces mammifères marins.
Au centre des débats : la chasse à la baleine que mène le Japon au nom de la science. Une pratique dénoncée par Charlotte Nithart, porte-parole de l'association de défense de l'environnement Robin des bois.
franceinfo : En quoi consiste la pêche à la baleine scientifique que pratique le Japon ?
Charlotte Nithart : La pêche dite "scientifique" n'est pas du tout scientifique. Elle consiste à tuer des baleines, afin d'examiner leur constitution ou ce que contient leur estomac. Mais cela consiste surtout à mettre sur le marché de la viande de baleine, qui est alors vendue dans des restaurants et des supermarchés. Cette pratique permet également au Japon d'assurer une présence physique de sa flotte baleinière en Antarctique, ce qui est très important pour le pays d'un point de vue géopolitique. C'est une chasse commerciale réalisée sous couvert de pêche scientifique.
Il existe en revanche de véritables recherches réalisées de manière non-létale. C'est ce que font notamment l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en collaboration avec la France. Dans ce cas précis, il s'agit de mieux comprendre les routes de migrations des baleines, leur comportement, leurs structures sociales, etc... C'est un vaste domaine de recherche qui nécessite beaucoup d'efforts.
Combien de baleines sont tuées dans le monde chaque année ?
On estime qu'un millier de baleines sont tuées chaque année, notamment par le Japon, mais aussi par l'Islande et la Norvège. Ces deux pays ont fait savoir à la Commission baleinière internationale, qu'ils ne se sentaient pas liés par le moratoire sur la chasse commerciale pris dans les années 1980.
Aujourd'hui, la baleine bleue est très gravement menacée. On ne compte plus que quelques centaines d'individus dans l'hémisphère sud. Les plus optimistes parlent de 2 000 individus. Il y a un réel risque d'extinction. Pareil pour les baleines grises. Et pareil pour de petits cétacés dont on parle beaucoup moins, comme les dauphins d'eau douce ou de la mer de Cortez.
Lors de cette réunion internationale, la Commission devra entre autres se prononcer sur la création d'un sanctuaire de vingt millions de kilomètres carrés dans l'Atlantique Sud... C'est une bonne solution ?
La proposition a été formulée par des pays d'Amérique latine, notamment par le Brésil et l'Argentine. Elle a aussi été appuyée par l'Afrique du Sud et le Gabon. Ce sanctuaire rejoindrait celui qui existe déjà en Antarctique, là où le Japon pratique sa chasse baleinière. Le but est de renforcer la coopération internationale dans cette zone, de réduire les menaces, d'essayer de contrer les risques de collision avec les navires. Il s'agit aussi d'atténuer les risques de marées noires et de réduire les nuisances sonores, qui perturbent les mammifères marins.
L'enjeu est également de réduire la présence des déchets dans l'océan. Les sacs plastiques sont un facteur de mortalité important. Lors d'un récent échouage en Europe du Nord, l'un des cachalots a même été retrouvé avec un pare-chocs de voiture dans l'estomac...
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