"Charlie Hebdo" : quatre morts et 45 blessés au Niger lors de manifestations contre le journal satirique
Parmi les quatre victimes figurent trois civils et un gendarme, a déclaré, vendredi, le ministre de l'Intérieur nigérien.
La une du dernier Charlie Hebdo fait réagir au Niger. Des manifestations à Zinder, la deuxième ville du pays, ont fait quatre morts et quarante-cinq blessés, annonce le ministre de l'Intérieur nigérien, vendredi 16 juin. Parmi les quatre victimes figurent trois civils et un gendarme, a déclaré Massaoudou Hassoumi. Vingt-deux agents des forces de l'ordre ont été blessés, ainsi que 23 manifestants, a-t-il détaillé sur les ondes de la radio nationale.
Le Centre culturel franco-nigérien (CCFN) de Zinder a été incendié par des manifestants, a annoncé son directeur. Selon lui, une cinquantaine de personnes ont "cassé la porte" d'entrée, puis "mis le feu" à la cafétéria, à la médiathèque et à des locaux administratifs du CCF, malgré des "tirs de sommation" de "deux policiers" présents pour protéger le complexe.
Appel à manifester relayé par les offices religieux
Juste après la prière de vendredi, "une marée humaine a déversé sa colère dans les rues de Zinder pour protester contre la caricature du prophète Mahomet", a raconté Amadou Mamane, journaliste indépendant à Zinder. Des SMS circulaient depuis la veille pour manifester à la sortie des mosquées. Le même mot d'ordre, transmis pendant les offices religieux, a été suivi par des milliers de personnes, selon une source officielle.
Les manifestants, "essentiellement des jeunes, dont certains circulaient à moto en agitant de petits drapeaux blancs", la couleur de l'islam, se sont précipités sur le CCFN.
Trois églises attaquées
Le centre culturel n'est pas le seul établissement à avoir été visé. Trois églises, une catholique et deux protestantes évangéliques, ont été saccagées, selon les autorités de Zinder, ville située dans le sud, non loin de la frontière avec le Nigeria.
D'après une source administrative,le siège d'un parti au pouvoir a également été incendié, ainsi que plusieurs bars et débits de boisson. "Le centre-ville de Zinder est méconnaissable. Au cri de Allahou Akbar (Allah est le plus grand), les manifestants en très grand nombre ont brûlé des pneus partout", a témoigné un commerçant joint au téléphone.
Le Niger n'est pas le seul pays où des manifestations ont été constatées après la publication du numéro 1 178 du journal satirique. A Alger, la capitale algérienne, entre 2 et 3 000 personnes ont manifesté vendredi pour dénoncer la publication du dernier numéro du journal. Des milliers de protestataires ont également marché en Mauritanie. Au Pakistan, des milliers de personnes sont descendues dans la rue, vendredi, pour dénoncer la même raison, comme en Jordanie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.