Fausse rétractation de Ziad Takieddine : les syndicats de la chaîne BFMTV, accusée de s'être mise au service de Nicolas Sarkozy, exigent "des explications" de la direction

Dans une enquête publiée mercredi, Mediapart révèle le contenu de SMS qui "montrent l'incroyable mobilisation de responsables et figures de la chaîne d'information en soutien de Nicolas Sarkozy" en novembre 2020.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, le 31 août 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

"Nous exigeons des explications très claires de Marc-Olivier Fogiel sur sa connivence affichée avec l'ancien chef de l'Etat. Et l'appelons à prendre ses responsabilités". C'est par ces mots que se conclut un communiqué au vitriol signé par les syndicats SNJ et SNJ-CGT de BFMTV et RMC, publié mercredi 10 juillet sur X.

Le texte fait suite à une enquête de Mediapart, mise en ligne le même jour, dévoilant des échanges de SMS et des conversations téléphoniques entre plusieurs figures de la chaîne télévisée et Véronique Waché, l'attachée presse de Nicolas Sarkozy, à l'époque où l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a réhabilité l'ancien président de la République, revenant sur ses précédentes déclarations, le 11 novembre 2020.

"On bastonne tout le week-end"

Ce jour-là, BFMTV "s'emploie à gérer deux sujets : la diffusion de cette rétractation et la communication de Nicolas Sarkozy en retour", écrit Mediapart, qui publie le contenu de plusieurs SMS pour appuyer ses révélations. "Coucou Ruth peux-tu appeler NS ? Je t'embrasse", envoie, par exemple, Véronique Waché à la journaliste Ruth Elkrief. "La journaliste s'exécute et s'entretient une demi-heure plus tard avec Nicolas Sarkozy durant plus de neuf minutes", affirme Mediapart.

Selon le média d'investigation, à peine une demi-heure plus tard, le directeur général de BFM, Marc-Olivier Fogiel, envoie à l'attachée de presse l'article mis en ligne par la chaîne sur son site. S'ensuit un échange à propos du meilleur moment pour réaliser une interview de Nicolas Sarkozy.

"On bastonne dès vendredi après-midi et diff samedi et tout le weekend", conclut Marc-Olivier Fogiel. De fait, Nicolas Sarkozy est interviewé le 13 novembre 2020 par Ruth Elkrief pendant quarante-cinq minutes. Et d'après Mediapart, Marc-Olivier Fogiel s'est enquis, auprès de Véronique Waché, de l'effet produit par la diffusion de l'entretien.

"Ces révélations ternissent l'image de la rédaction"

En réaction à ces révélations, Véronique Waché fait part de son "indignation la plus totale" et de sa "consternation la plus vive" dans une longue réponse envoyée à Mediapart. Elle a aussi annoncé vouloir déposer plainte "pour faire cesser ces nombreuses atteintes à [sa] vie privée et professionnelle".

"Sur la séquence visée comme pour le reste, aucune consigne évidemment n’a été donnée. Chacun a pu travailler en toute liberté en recevant tout le monde", se défend, de son côté, Marc-Olivier Fogiel. Quant à Ruth Elkrief, elle "ne pense pas avoir montré une indulgence quelconque". "Lorsque je fais ma proposition d'interview et pendant tout le cours de ces échanges, à aucun moment, je ne suis au courant d’une manipulation ou d’un délit quelconque", assure la journaliste.

Pas de quoi rassurer la société des journalistes (SDJ) de la chaîne d'informations. "Beaucoup de journalistes de BFMTV se sont dit déçus malgré les réponses apportées par la direction, car ces révélations ternissent l'image de la rédaction", écrit dans un communiqué la SDJ, qui "appelle les membres de la rédaction à se retrouver" jeudi en début d'après-midi, "pour échanger à ce sujet".

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