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Geoffroy Lejeune à la tête du JDD : ce que contient la proposition de loi transpartisane pour "protéger la liberté éditoriale des médias"

Les députés étudient actuellement une proposition de loi transpartisane visant à "protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l'Etat". Ce texte est directement inspiré de la grève que mène toujours la rédaction du Journal du dimanche, qui refuse l'arrivée d'un nouveau directeur.
Article rédigé par franceinfo - Marc Podevin
Radio France
Publié Mis à jour
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Des manifestantes devant l'Assemblée nationale le 19 juillet 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Éviter "un nouveau JDD". C'est le but de la proposition de loi pour "protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l'État", qui devait être déposée mercredi 19 juillet, alors que la rédaction du Journal du dimanche poursuit sa grève entamée le 22 juin contre l'arrivée à la tête de l'hebdomadaire de Geoffroy Lejeune, journaliste d'extrême-droite, ancien directeur de Valeurs actuelles.

La Société des journalistes annonce que "la rédaction a voté à 98% en faveur de la reconduction du mouvement" pour 24 heures. Dans la foulée, mercredi, les grévistes ont décidé de se rassembler à l'extérieur de l'Assemblée nationale pour faire entendre leur voix et sensibiliser les députés à leur combat contre l'arrivée de Geoffroy Lejeune

Les journalistes auraient un "droit d'agrément"

Ce texte est présenté par 15 députés de tous les groupes politiques, à l'exception des Républicains et du Rassemblement national. La proposition de loi, que franceinfo a pu consulter, "vise à conditionner les aides à la presse directes et indirectes à la mise en place d’un droit d’agrément des journalistes sur la nomination de leur directeur ou directrice de rédaction". Autrement dit, "pour prétendre à ces aides publiques, toute nomination d’un directeur ou d’une directrice de rédaction devra faire l’objet d’un vote d’approbation des journalistes employés par la rédaction".

Les journaux et sites d'information ne sont pas les seuls concernés, les médias audiovisuels aussi. En effet, "la mise à disposition d’un canal de diffusion par voie hertzienne terrestre [les fréquences publiques] aux sociétés éditrices dont les programmes comportent des émissions d’information politique et générale" sera également conditionnée à ce "droit d'agrément".

"La proposition de loi leur donne le pouvoir de s'opposer à une personne quand son travail antérieur montre qu'elle n'est pas indépendante", explique la vice-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée, Sophie Taillé-Polian, qui mène l'initiative. Il s'agit concrètement de donner aux journalistes "le pouvoir de s'opposer à une personne quand son travail antérieur démontre qu'elle n'est pas indépendante, au contraire qu'elle roule pour un candidat à la présidentielle ou un parti politique, ce qui est clairement le cas au JDD", décrypte-t-elle, faisant référence au soutien de Geoffroy Lejeune, ex-directeur de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, à Éric Zemmour. 

Sophie Taillé-Polian "assez confiante" sur l'avenir du texte

Ce texte doit encore être inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. Pour la députée du Val-de-Marne, "c'est déjà ça, le premier objectif", car le calendrier parlementaire est "chargé". Or, "il y a urgence". "On a vu à plusieurs reprises, dans plusieurs rédactions, dans plusieurs grands médias cette difficulté majeure arriver, il faut que ça s'arrête", ajoute-t-elle. Les signataires du texte évoquent en effet "l’éviction du directeur de la rédaction des Échos", Nicolas Barré, au mois de mars.

Une fois que cet objectif sera "atteint", et puisqu'il s'agit d'une initiative transpartisane, l'élue se dit "assez confiante sur la possibilité de faire adopter cette proposition de loi" au Palais Bourbon. Elle vise un examen du texte au dernier trimestre, cette année. Sophie Taillé-Polian vise un examen du texte au dernier trimestre 2023. Ensuite il faudra encore le feu vert du Sénat, bien parti pour rester à droite après les sénatoriales. La députée EELV ne s'avance pas sur le soutien des sénateurs : "Nous n'en sommes pas là", élude l'élue.

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