Près de deux tiers des Français ne font pas confiance aux médias sur les sujets d'actualité

Selon le nouveau baromètre La Croix/Verian/La Poste, si 76% des sondés affirment suivre l'actualité avec "un grand intérêt", une majorité ressent une "fatigue" par rapport à l'actualité. Et 70% font d'abord confiance en leurs proches pour s'informer.
Article rédigé par franceinfo
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Un groupe d'utilisateurs de smartphones (illustration). (XAVIER LORENZO / MOMENT RF VIA GETTY IMAGES)

Les Français sont 62% à considérer qu'il faut "se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité", selon la 38e édition du baromètre La Croix/Verian/La Poste sur la confiance des Français dans les médias, publié mardi 14 janvier à l'occasion du festival Médias en Seine. C'est cinq points de plus par rapport au baromètre de 2023.


Pour s'informer, les personnes sondées ont davantage confiance en leurs proches (70%), les journaux télévisés d'information (69%), puis la presse régionale (63%). À l'inverse, les médias ou les personnes suscitant le plus de doute sont : les influenceurs (74% n'ont pas confiance), les réseaux sociaux (64%), les émissions d'actualité et de divertissement à la télévision (53%).

Les sondés les plus jeunes (18-24 ans) estiment à 64% que c'est une bonne chose que "certains médias ou journalistes choisissent d’affirmer et de défendre leurs opinions quand ils traitent de l’actualité". Plus l'âge des personnes sondées avance, et plus cette proportion s'affaiblit. Mais il n'y a que les 65 ans et plus qui sont majoritaires (57%) à penser que c'est une mauvaise chose.

Une "fatigue" vis-à-vis de l'actualité

Une petite majorité des sondés (51%) disent avoir "un sentiment de fatigue ou de rejet par rapport à l'actualité". Un chiffre stable depuis deux ans. Il est causé par deux principaux facteurs : "C'est toujours les mêmes sujets dans les médias", un indice qui est cependant en baisse de 4 points depuis le dernier baromètre (44% janvier 2025 contre 48% en novembre 2023). En revanche, les Français se sentent de plus en plus "angoissés ou impuissants face aux informations". C'est le deuxième facteur, il est en hausse (41% janvier 2025 contre 38% en novembre 2023).

Cette "fatigue", ce "rejet" ou ces "angoisses" n'érodent pas pour autant l'intérêt que portent les Françaises et les Français à l'actualité. Cet indice reste très haut depuis janvier 2023 : 76% des sondés affirment la suivre avec "un grand intérêt".

Beaucoup de sujets d'actualité en 2024 ont été couverts "comme il faut" selon les sondés. C'est le cas des Jeux de Paris 2024, de la dissolution de l'Assemblée nationale et des élections législatives qui ont suivi, ou encore du conflit au Proche-Orient. En revanche, les médias "ont trop parlé" de l'élection présidentielle américaine (41% des sondés). À l'inverse, 52% des sondés, estiment que les médias n'ont "pas assez parlé" des discussions sur la loi sur la fin de vie. Concernant la qualité du traitement des sujets d'actualité, la guerre en Ukraine a été "bien traitée" en 2024 (52%), tout comme le dérèglement climatique (45%). Mais le sujet lié à la difficulté dans les services publics a été mal traité pour 56% des sondés. Face au dérèglement climatique, une large majorité de sondés (69%) estime que "les médias ne parlent pas assez des solutions ou des raisons d’espérer". Les médias ne soulignent pas assez non plus "les enjeux économiques et sociaux liés au changement climatique" (65%).

L'intérêt pour les faits divers est toujours très fort. 63% des sondés suivent ce type de sujets, avec en tête les sympathisants du RN (75%) et les CSP- (71%). Les personnes sondées sont cependant largement majoritaires (75%) à estimer que "la trop grande médiatisation de certains faits divers contribue à un sentiment d'insécurité".

Des opinions radicales jugées de plus en plus présentes 

81% des Français estiment que les opinions radicales sont de plus en plus présentes dans les médias ces dernières années, toujours selon la 38e édition du baromètre La Croix/Verian/La Poste. Autre enseignement de ce baromètre, les Françaises et les Français sont aussi très largement majoritaires (77%) pour s'accorder sur le fait que la "liberté d’expression est de plus en plus menacée en France". Un sentiment surtout partagé par les sympathisants du RN (85%) et par les 35 ans et plus (79%).

Or, il est "essentiel de garantir la liberté d'expression et le droit à la caricature", jugent 59% des Françaises et des Français, "même si cela peut heurter certaines personnes ou certains groupes". Un sentiment partagé avant tout par les plus âgés (50-64 ans ; 65 ans et plus), avec 66%.

Plus le public rajeunit, plus cette conviction s'affaiblit, tombant à 48% chez les 18-24 ans. Mais même pour cette catégorie d'âge, il y a davantage de personnes estimant qu'il faut "la liberté d'expression et le droit à la caricature" plutôt que de "respecter les individus et leurs sensibilités, même si cela peut restreindre la liberté d'expression et le droit à la caricature" (46%).

À ce propos, il n'y a qu'une seule catégorie de personnes qui juge plus essentiel de "respecter les individus et leurs sensibilités" (53%) que de "garantir la "liberté d'expression et le droit à la caricature" (43%), ce sont les personnes se revendiquant du parti La France insoumise (LFI).


Méthodologie : cette étude a été réalisée par Verian pour La Croix et La Poste sur un échantillon national de 1 006 personnes, représentatif de l'ensemble de la population, âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées sur internet, du 25 au 28 novembre 2024.

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