Une journée calme en France malgré la crainte de manifestations
La présence d'importants dispositifs policiers dans les villes françaises a tué dans l'oeuf samedi toute velléité de manifester contre un film islamophobe et les caricatures du prophète Mahomet publiées par l'hebdomadaire "Charlie Hebdo".
CHARLIE HEBDO - Une journée "presque" comme les autres. Alors que les autorités craignaient que des manifestations non autorisées éclatent en France, en réaction à la publication mercredi des caricatures de Mahomet, la journée de samedi 22 septembre s'est déroulée dans le calme.
Dalil Boubakeur souligne "la maturité" des musulmans
"Sans préjuger des heures à venir, nous pouvons constater que la réponse de la communauté musulmane de France a été un silence méprisant face à ceux qui ont voulu la provoquer", a déclaré à l'AFP Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP).
La communauté musulmane a "répondu largement à l'appel à la réflexion et au calme" lancé vendredi par les imams dans les mosquées et n'est "pas tombée dans le piège de la provocation", a-t-il estimé. "Cela nous donne la mesure de la maturité" et du "sens des responsabilités" de cette communauté qui, a-t-il dit, a fait preuve de "fraternité et de solidarité pour protéger l'unité nationale et l'ordre public, en même temps que l'avenir de l'islam en France et de ses enfants".
Des dizaines de contrôle d'identité à Paris
Dans la capitale, un total de 21 personnes, dont plusieurs femmes voilées, ont été interpellées dans le cadre de contrôles d'identité, a appris l'AFP de source policière.
Il semblerait que l'imposant dispositif déployé tout au long de la journée ait eu "un effet dissuasif", a écrit Le Parisien, sur son site internet. Seul incident répertorié par le journaliste du quotidien sur place : l'arrestation d'une femme. Voilée, elle a crié "J'emmerde la laïcité", selon Le Parisien, avant d'être arrêtée "par plusieurs policiers en civils."
Selon un haut responsable policier interrogé par le quotidien, les forces de l'ordre allaient réduire en milieu d'après midi "progressivement leur présence dans les différents lieux où elles étaient stationnées comme la Mosquée de Paris et les alentours des Champs-Elysées".
A Lille, un court rassemblement
Dans le centre-ville de Lille, une petite dizaine de personnes ont voulu dénoncer des "provocations à l'égard de l'islam" et l'interdiction de manifester, ont constaté des journalistes de l'AFP. Plusieurs jeunes femmes, porteuses du niqab, ont tenté de dérouler une banderole, vers 15h30 à proximité de la place de la République, avant d'être rapidement entourées par les forces de l'ordre qui ont relevé leur identité. Dessus, on pouvait lire en langue arabe : il n'y a "pas d'autre Dieu que Dieu", a indiqué l'une d'entre elles. "On respecte le droit de n'importe qui mais pas des musulmans", a ajouté la jeune femme.
Certaines d'entre elles ont indiqué aux journalistes avoir été verbalisées sur place pour le port du niqab. Un homme, qui semblait donner des ordres aux manifestantes, a été quant à lui emmené par les forces de l'ordre dans un fourgon.
Une soixantaine de CRS pour un manifestant à Marseille
Les forces de l'ordre n'ont pas été débordée dans la cité phocéenne. Une soixantaine de CRS, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, se sont déployés samedi après-midi dans le centre ville, face à un seul manifestant qui avait appelé à dénoncer les caricatures du prophète Mahomet. "Je suis peut-être seul aujourd'hui mais je suis le porte-parole d'une majorité silencieuse", a-t-il lancé du haut d'un bloc de ciment, d'où il a harangué les badauds pendant une dizaine de minutes.
Ce responsable d'association avait appelé à une manifestation à 14h00 dans le quartier de la Porte d'Aix, pour laquelle la préfecture n'avait pas reçu de demande d'autorisation. Après avoir parlé à la presse, le manifestant a collé trois affichettes sur lesquelles était notamment écrit "Porcs Hebdo" et "les Français musulmans n'ont pas besoin d'autorisation pour défendre leurs droits".
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