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Visa pour l'image : le Visa d’or de l’Information numérique récompense un reportage "qui revient aux fondamentaux du journalisme web"

Soutenu par France Médias Monde, France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel, le Visa d’or de l’Information numérique a récompensé jeudi le reportage multimédia "Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État".

Article rédigé par franceinfo - Sarah Leduc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La journaliste Valentine Van Vyve et le photo-journaliste Olivier Papegnies ont remporté le Visa d’or de l’Information numérique franceinfo pour leur reportage multimédia  "Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État". (OLIVIER PAPEGNIES / COLLECTIF HU)

Ils ont été choisis à l’unanimité. La journaliste Valentine Van Vyve et le photojournaliste Olivier Papegnies ont remporté le Visa d’or de l’Information numérique franceinfo, remis jeudi 6 septembre à Perpignan, à l’occasion de la 30e édition du Festival international de photojournalisme Visa pour l’image, pour leur reportage multimédia Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État.

Les deux journalistes belges ont enquêté pendant près d’un mois sur les Koglweogo, des groupes d'autodéfense qui tissent leur toile au Burkina Faso depuis la chute du président Blaise Campaoré, en 2015. Face à l’insécurité rampante, des milliers de ces citoyens armés se sont imposés dans l’est du pays pour pallier au manque d'effectifs policiers et aux carences de l’État souverain.

Une narration simple

La narration de ce reportage multimédia, publié sur le site d’information de La Libre Belgique, est linéaire, sans circonvolution, ni cheminement interactif complexe : un texte argumenté, des photos en noir et blanc, des interviews en inserts sonores, une carte interactive, quelques vidéos. Rien de plus. "On a pensé le sujet en termes de textes et de photos. Les sons sont venus plus tard. Mais on voulait que tout soit complémentaire", expliquent à franceinfo Valentine Van Vyve. "Un travail d’équipe, pour un résultat sans fioritures", ajoute Olivier Papegnies, photographe au sein du collectif belge Huma. Un choix de simplicité qui a payé.

Djiabouba Lelampo est tapi dans l’ombre d’une pièce froide à la fenêtre occultée de cet abris de béton aux allures de mini-prison. Suspecté de vol, il se tient assis sur une natte, le dos droit et les jambes tendues. (OLIVIER PAPEGNIES / OLIVIER PAPEGNIES / COLLECTIF HU)

Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État est un projet porté par un très bon travail photographique et une enquête singulière sur un sujet qu’on connaît peu. "Les auteurs sont revenus aux racines du journalisme web, avec une narration simple au service d’un sujet fort", confie Samuel Bollendorff, président du jury de ce Visa d’or, soutenu par France Médias Monde, France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel. "Nous ne sommes plus dans la course à l’innovation liée à la fascination du web à ses débuts", insiste-t-il.

Une enquête aux accents anthropologiques

Le reportage lauréat est donc une enquête fouillée aux accents anthropologiques, qui démêle les rapports de pouvoir complexe entre les Koglweogo, les autorités officielles, la chefferie traditionnelle et la population locale dont elles ont, en grande partie, le soutien. "C’est un mouvement qui transcende toute la société. Les citoyens voulaient combattre l’insécurité qui empêche les femmes d’aller chercher de l’eau parce qu’elles craignent d’être violées, qui empêche les écoles de fonctionner parce que les parents craignent de laisser leurs enfants dans les rues", poursuit Valentine Van Vyve.

Cinq membres du groupe de Koglweogo de Potiamanga. (OLIVIER PAPEGNIES / COLLECTIF HU)

L’efficacité des Koglweogo est reconnue de tous, même si leur rôle reste controversé. En cherchant à combattre la délinquance ou la corruption des élites, ces "justiciers" autoproclamés ont mis en place des tribunaux populaires expéditifs, des amendes, des sévices corporels et des actes d'humiliation. Des méthodes hors-la-loi pour faire respecter la loi. "Nous voulions rendre compte de ce paradoxe : les Koglweogo ont des méthodes violentes qui répondent à des règles coutumières. Pourtant, ils ont le soutien de 70% de la population", précise Olivier Papegnies.

"Le journalisme au long cours a encore sa place"

Un sujet pointu et méconnu qui a requis deux séjours au Burkina Faso, l’un financé par le Fonds pour le journalisme, une association qui soutient le journalisme d’investigation en Fédération Wallonie-Bruxelles, et le second par une campagne de financement participatif. "On s’est démenés pour trouver les financements mais ça a payé, on est là, à Visa pour l’image !", se réjouit Papegnies. "Je suis encore surprise d’avoir reçu ce prix", s’enthousiasme quant à elle Valentine Van Vyve. C’est une très belle reconnaissance de notre travail et une motivation supplémentaire pour continuer à faire du journalisme de qualité. Cela montre que le reportage au long cours a encore sa place dans la presse."

Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État, un reportage de Valentine Van Vyve et Olivier Papegnies, à découvrir ici.

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