Pour faciliter la "désmicardisation", un rapport remis au gouvernement préconise de "redynamiser les salaires"

Pour que les salariés les moins bien payés puissent être augmentés plus facilement, des économistes proposent de répartir différemment les allègements de cotisations.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants brandissent une pancarte réclamant l'augmentation du smic à 1 600 euros, le 7 septembre 2024. (FLORE GASTAL / HANS LUCAS / AFP)

Missionnés en novembre par le précédent gouvernement, les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer ont bouclé leur rapport très attendu sur la "désmicardisation". Ce mot barbare désigne l'intention affichée de lutter contre un phénomène courant, par lequel des salariés payés au smic "rattrapent", via les revalorisations successives du salaire minimum, une partie des bas salaires qui se trouvaient jusqu'alors légèrement au-dessus de ce seuil. Pour y remédier, "nous proposons de casser la dynamique consistant à sans cesse renforcer les exonérations sur les bas salaires", écrivent les deux experts dans la version finale de leurs travaux, remise jeudi 3 octobre au gouvernement. 

Pour que les salariés les moins bien payés puissent être augmentés plus facilement, le rapport propose ainsi de répartir différemment les allègements de cotisations, aujourd'hui fortement concentrés au niveau du smic. Dans le scénario central détaillé par les auteurs, les cotisations payées par les employeurs seraient alors relevées sur les salaires dont le montant est compris entre 1 et 1,2 smic, puis allégées entre 1,2 et 1,9 smic et alourdies entre 1,9 et 3,5 smic. Dans ce scénario, les allègements s'arrêteraient à 2,5 smic, contre 3,5 smic aujourd'hui.

La France dans le bas du tableau de l'OCDE

En raison d'un système d'exonérations qui s'est progressivement mis en place en France depuis trois décennies, le taux de cotisations qui pèse sur un smic n'est plus que de 6,9%, contre 45% en 1993, ce qui place notre pays dans le bas du tableau de l'OCDE. D'autant que le nombre de salariés payés au smic a fortement augmenté en France, représentant 17,3% des salariés au 1er janvier 2023.

Dans certains cas, avec le système actuel, le salarié n'est lui-même pas incité à demander une augmentation, parce qu'il peut perdre tout ou partie de sa prime d'activité (versée sous conditions de ressources). Ainsi, pour une personne seule sans enfant au niveau du smic, "l'augmentation du coût du travail nécessaire à une augmentation du revenu disponible de 100 euros par mois est, en octobre 2023, de 483 euros, dont 78 euros s'expliquent par la variation de la prime d'activité", selon le rapport. 

Avec le scénario central, le coût pour augmenter les salariés baisserait "assez significativement de l'ordre de 10%". Dans le cas d'une personne seule sans enfant au niveau du smic, la hausse de 100 euros coûterait ainsi 430 euros et non plus 483 euros, expliquent les économistes.

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