Infographies Les inégalités économiques entre les ménages se sont creusées depuis vingt ans en France, selon l'Insee

Les disparités de patrimoine entre les plus pauvres et les plus riches se sont nettement accentuées. Les inégalités liées aux revenus, elles, sont restées presque stables, grâce aux mécanismes de redistribution publics.
Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
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Les écarts de revenus et surtout de patrimoine se sont creusés entre les ménages les plus aisés et les plus défavorisés depuis une vingtaine d'années en France, selon l'Insee. (LA VOIX DU NORD / MAXPPP)

A l'heure où la France se prépare à se serrer la ceinture pour son budget 2025, quelle est la situation des inégalités dans le pays ? Dans son rapport annuel sur les revenus et le patrimoine des ménages publié jeudi 17 octobre, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dévoile un tableau contrasté. En termes de revenus, les mécanismes de redistribution démontrent toute leur efficacité pour limiter les écarts de niveau de vie entre les plus aisés et les plus modestes. En revanche, les inégalités de patrimoine se sont envolées ces dernières décennies, au profit notamment des ménages détenant des biens immobiliers.

Les impôts et les aides permettent de contenir les inégalités de revenus

Entre 2002 et 2021, les revenus des 10% les plus riches ont davantage progressé que ceux des 10% plus pauvres. En matière de salaires, de pensions de retraites, d'allocations chômage et de revenus du patrimoine (loyers, dividendes, etc.), l'écart entre les deux extrêmes de la population s'est accru de 17%, grimpant de 5,01 à 5,85. Ainsi, en 2021, avant redistribution, la personne qui gagnait le moins parmi les plus aisés avait des revenus près de six fois supérieurs à la mieux lotie parmi les plus pauvres.

Cet accroissement des inégalités a toutefois été considérablement atténué, voire annulé, par le prélèvement des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe foncière...) et le versement des prestations sociales (RSA, prime d'activité, allocation adulte handicapé...). Grâce à ces mécanismes de redistribution, qui visent à soutenir les plus fragiles en faisant contribuer chacun en fonction de ses moyens, l'écart entre les deux extrêmes est resté globalement stable, passant de 3,39 à 3,41.

Autrement dit, les inégalités de niveau de vie n'ont pas explosé, mais la tendance durable de réduction des disparités observée jusqu'au début des années 1990 n'est pas non plus de retour. 

A l'échelle internationale, la France demeure globalement un bon élève, au même titre que l'Allemagne, selon l'Insee. Les inégalités de niveau de vie au Royaume-Uni, en Italie ou en Espagne y sont de 25 à 40% plus élevées que dans l'Hexagone. Aux Etats-Unis, qui font figure de cancre, elles sont supérieures de 60%. En revanche, des pays comme la Pologne, la Suède ou la Norvège s'avèrent plus égalitaires que la France.

Les inégalités de patrimoine ne cessent elles d'augmenter

Depuis près d'un quart de siècle, le patrimoine moyen détenu par les ménages augmente de 4,1% par an (hors inflation). Mais cette évolution ne profite pas à tout le monde. Les 10% des ménages les moins dotés, qui ne disposent souvent que de livrets d'épargne, sans biens immobiliers, ont vu leur patrimoine baisser en moyenne de 2% par an. En 2021, ils déclaraient moins de 4 400 euros de patrimoine. A l'inverse, les 10% les mieux dotés, qui cumulent patrimoine financier, immobilier et professionnel, ont vu leur matelas douillet s'épaissir de 4,3%, pour déclarer au moins 716 300 euros de patrimoine.

Par ailleurs, la moitié des ménages les mieux dotés s'accaparaient 92% de l'ensemble du patrimoine. L'autre moitié, avec un patrimoine par ménage atteignant au mieux 177 200 euros pour les mieux lotis, se partageait les 8% restants.

"En matière de patrimoine, les inégalités sont beaucoup plus fortes que sur le niveau de vie", résume l'Insee. "Les écarts se sont principalement creusés sous l'effet de la hausse des prix de l'immobilier, qui ont été multipliés par 2,5 en vingt ans", explique l'organisme public. Cette flambée a bénéficié aux classes moyennes et aisées. Faute de propriétés, les classes populaires n'ont pas pu en profiter et ont au contraire souffert d'un recul de leur patrimoine financier..

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