Projet de loi de finances rectificative : 16 personnalités dénoncent dans une tribune la monétisation des RTT
Dans "Le JDD", ces élus, experts ou universitaires, dont l'écologiste Yannick Jadot et le maire de Grenoble Eric Piolle, estiment que la conversion des RTT en salaire, adoptée par les députés, constitue "le cheval de Troie d'une régression sociale".
"Le cheval de Troie d'une régression sociale." Seize personnalités, dont les écologistes Yannick Jadot et Eric Piolle, dénoncent, dans une tribune publiée dans la soirée du samedi 30 juillet sur le site internet du Journal du dimanche, la possibilité pour les entreprises de racheter aux salariés les jours de RTT. Cette disposition figure dans un amendement adopté le 22 juillet à l'Assemblée dans le cadre de l'examen en première lecture du projet de loi de finances rectificative.
Comme la gauche au sein de l'hémicycle, ces 16 élus, experts ou universitaires fustigent une disposition qui "sert surtout à éviter de traiter le vrai sujet du pouvoir d'achat : les augmentations de salaires". Ils estiment que cette mesure, une proposition des députés LR, "affaiblit le dialogue social en entreprise et porte un coup sans précédent aux 35 heures".
Le dispositif de Réduction du temps de travail (RTT) alloue des journées ou demi-journées de repos aux salariés dont le temps de travail est supérieur à 35 heures par semaine, qui disparaissent actuellement si elles ne sont pas prises. Le rachat n'est possible que par accord d'entreprise ou de branche ou dans des cas précis.
"Travailler beaucoup plus pour gagner peu"
Ces personnalités, dont des représentants syndicaux de la CFE-CGC et de la CFDT Cadres, voient dans la monétisation des RTT "un puissant levier pour l'employeur, lui permettant de refuser l'attribution de jours de repos en arguant du paiement de ceux-ci, face à un salarié tiraillé entre son besoin de repos et l'amélioration de son pouvoir d'achat". Une "amélioration relative au demeurant, car proposer de payer des RTT majorées à 10% plutôt que des heures supplémentaires majorées à 25%, c'est offrir de 'travailler beaucoup plus pour gagner peu'", écrivent-ils.
De plus, "la possibilité 'encadrée' de monétisation est soumise à cotisations, contribuant ainsi au financement de la protection sociale. La nouvelle disposition, elle, exonère l'employeur du versement de cotisations patronales, ce qui affaiblit ce financement", soulignent-ils.
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