Rachat de Bouygues Telecom : Orange discute
"On évalue nos options, mais personne ne m'a demandé du côté de l'État d'étudier le rachat de Bouygues Telecom " ; c'est ce que confie Stéphane Richard, PDG d'Orange, au quotidien économique Les Échos . Personne du côté de l'État, peut-être, et pourtant, l'opérateur français historique des télécoms serait bel et bien en train de négocier le rachat de l'opérateur du groupe Bouygues. Une source proche du dossier l'a confirmé jeudi soir, concédant que les discussions n'étaient "pas encore très avancées ".
Les avantages, cités par Les Échos , d'une telle fusion seraient nombreux. En premier lieu, au niveau de l'emploi, la menace de 2.000 suppressions d'emplois brandie par Bouygues Telecom disparaîtrait d'elle-même selon Sébastien Crozier, de la CFE-CGC chez Orange, qui ajoute que "nous serions très contents de voir arriver ces salariés qui rajeuniraient notre pyramide des âges ". Son syndicat a d'ailleurs envoyé une lettre ouverte au Premier ministre Manuel Valls, pour appeler à la fusion. De son côté, Bouygues Telecom a de nouveau agité la menace de "conséquences sociales ", ce jeudi, à son plan de refonte qui comprend un plan d'économies de 300 millions d'euros par an.
En revanche, la nouvelle ne plaît pas du tout à Bernard Allain, le secrétaire général de Force ouvrière chez Bouygues Telecom.
Un mastodonte sur le marché
Si elle avait lieu, cette fusion donnerait naissance au leader incontesté du mobile en France, avec la moitié du marché en volume de cartes SIM, et 44 à 45 % du marché fixe. Pour la CFE-CGC toujours, cela aurait un autre avantage : "Avoir l'appui d'un groupe de BTP pour déployer son réseau de fibre permettrait à Orange d'accélérer et de remplir plus rapidement ses engagements de couverture du territoire en très haut débit ".
Mais ce mastodonte pourrait aussi subir les foudres de l'Union européenne, heurtant les règles communautaires sur la concurrence. Il faudrait certainement que le nouveau groupe fasse de nombreuses concessions, afin de se mettre en conformité. C'est pourquoi, comme le notent Les Échos , "la plupart des acteurs du marché n'y croient pas ".
Martin Bouygues, grand gagnant
Selon Les Echos , "l'initiative (des discussions) revient en effet à Martin Bouygues ". Très déçu de ne pas avoir pu racheter SFR, finalement remporté par Altice-Numericable, le PDG du groupe serait ravi de trouver une solution de secours plus qu'honorable, déjà en termes de valorisation : le quotidien parle de six milliards d'euros.
Mais, si la fusion s'opérait, le groupe Bouygues pourrait aussi entrer au capital d'Orange, un groupe international de premier ordre, satisfaisant notamment ses actionnaires.
Pour autant, Orange et son patron Stéphane Richard étudieraient toujours une solution parallèle, moins lourde : le partage des infrastructures du réseau mobile avec Bouygues Telecom. Stéphane Richard "ne veu(t) pas engager Orange dans une aventure ". Dans la soirée jeudi, le groupe a publié un communiqué alambiqué, dans lequel il est écrit : "Orange explore les opportunités qu'offre la recomposition en cours du paysage français des télécoms, tout en rappelant que sa position de leader lui permet une totale indépendance ".
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