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"Bonsoir, c'est le centre hospitalier à l'appareil" : que disent les mystérieux messages reçus par des députées pendant les débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée ?

Des élus du Rassemblement national mais aussi de la majorité présidentielle dénoncent des menaces sous forme de lettre ou de messages sur leur répondeur. La plupart ont décidé de porter plainte.
Article rédigé par Audrey Tison - édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les députés débattent du projet de loi de réforme des retraites, à l'Assemblée nationale, lundi 6 février 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

C'est lors d'une suspension de séance à l'Assemblée nationale, lundi 6 février, au premier jour des débats sur le projet de réforme des retraites, que Laurence Robert-Dehault, députée Rassemblement national de Haute-Marne, s'aperçoit qu'elle a un message sur son répondeur, que franceinfo a pu consulter : " Bonsoir, c'est le centre hospitalier à l'appareil. Un de vos proches vient d'être admis en urgence à l'hôpital. Si vous pouvez vous rendre sur place...".

>> Réforme des retraites : Marine Le Pen dénonce des "manœuvres" d'intimidation pendant les débats à l'Assemblée

La suite du message est sans équivoque : un de ses proches serait hospitalisé. La mère de famille panique, tente de passer des coups de fil, avant de se rendre compte que deux de ses collègues ont reçu le même message. Marine Le Pen a apporté des précisions concernant ce message vocal : " Faire croire à une maman que son enfant est hospitalisé pour essayer d’obtenir que notre motion référendaire ne soit pas soumise au vote, c’est abject et lamentable."

"On en conclu qu'on a voulu nous éloigner de l'hémicycle puisqu'il s'agissait de voter la motion référendaire qui ne peut être votée que si les députés qui sont signataires de la motion sont présents à ce moment-là", dénonce-t-elle sur franceinfo.

"Des menaces sur nos familles, nos enfants"

"Que des gens osent utiliser ce type de méthode est lamentable", a dénoncé longuement au micro et au sein de l'hémicycle Marine Le Pen. La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale a ainsi dénoncé des " manœuvres" pour " distraire", et a indiqué vouloir déposer plainte. " Je tiens à dénoncer un fait extrêmement grave. Quatre ou cinq de nos députées femmes viennent de recevoir un message leur indiquant qu'un de leurs enfants est hospitalisé. Il s'agit donc là d'une manœuvre qui vise à empêcher ou à distraire les députées Rassemblement national de leur présence pour voter cette motion référendaire", a-t-elle déploré dans l'hémicycle.

Marine Le Pen a ensuite critiqué une " manoeuvre particulièrement dégueulasse", avec ces messages vocaux adressés à plusieurs élues, dont Anais Sabatini : " Évidemment, elles sont sorties catastrophées de l'hémicycle avant de se rendre compte qu'elles avaient été plusieurs à recevoir ces messages (...) Le but était de les éloigner de l'hémicycle au moment opportun", précise-t-elle. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a demandé à Mme Le Pen de lui passer "une copie des messages reçus pour qu'on puisse regarder ce qu'il en est".    

"C'est assez scandaleux comme procédé"

Puis à son tour, Fadila Kattabi, députée Renaissance, a pris la parole : "En ce moment, nous sommes plusieurs à recevoir des lettres d'intimidation. J'en ai reçu une avec effectivement des menaces sur nos familles, nos enfants." Et la députée macroniste d'insister : "C'est absolument scandaleux, on est dans une République libre, démocratique, les parlementaires que nous sommes n'avons pas de pression à avoir quant à un examen de texte. Nous ne devons pas être intimidés." 

D'où viennent ces menaces et manœuvres ? Peut-être de la Nupes, s'interrogent certains. Alexis Corbière tient a balayer tout soupçon : "Nous, on combat à la loyale, on n'utilise pas ça... Techniquement, je ne vois pas comment nous pourrions le faire. C'est assez scandaleux comme procédé". La plupart des députés visés ont décidé de porter plainte.

Le reportage d'Audrey Tison

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