Réforme des retraites : "Emmanuel Macron n'a pas fait le choix de l'apaisement" déplore Laurent Berger

Article rédigé par Thibaud Le Meneec, Pierre-Louis Caron
France Télévisions
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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites le 6 avril 2023 à Paris. (CHRISTOPHE ENA / AP / SIPA)
Le secrétaire général de la CFDT interprète la promulgation rapide de la loi comme un acte de "mépris" de la part du chef de l'Etat. Un terme partagé par son homologue de la CGT, Sophie Binet.

Ce qu'il faut savoir

A peine validée en grande partie par le Conseil constitutionnel, la réforme des retraites a été promulguée par Emmanuel Macron, et figure au Journal officiel publié dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 avril. Une rapidité qui a fait vivement réagit les opposants au texte. "Emmanuel Macron n'a pas fait le choix de l'apaisement", regrette le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans une interview au Parisien (lien réservé aux abonnés). "Dans son esprit, il y a une séquence politique qui s’appelait les retraites, puis on passe à la séquence politique suivante", interprète le dirigeant syndical. "Mais la vie des gens, ce n’est pas une séquence politique !" Emmanuel Macron disposait de 15 jours après la décision des Sages pour apposer sa signature, et l'intersyndicale lui avait demandé "solennellement" d'attendre.

Une promulgation critiquée par les syndicats et les oppositions. Secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé sur franceinfo "une décision honteuse" prise "en pleine nuit, dans le dos des travailleurs et des travailleuses". Un sentiment partagé par le député de La France insoumise François Ruffin sur Twitter : "Comme des voleurs, Emmanuel Macron et sa bande ont promulgué leur loi sur les retraites en pleine nuit. Parce qu'ils le savent bien : ce qu'ils viennent de pratiquer, c'est un hold-up démocratique".

 Pour le gouvernement, la page est tournée. Sur France Culture, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a répondu par l'interrogative aux critiques sur la promulgation immédiate du texte : "Quelle différence cela faisait d'attendre trois jours, quatre jours ou cinq jours, alors que le texte est validé ?" La réforme s'appliquera au 1er septembre, comme annoncé, a assuré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Lors d'un discours au conseil national du parti Renaissance à Paris, Elisabeth Borne a présenté son adoption comme une page désormais tournée : "Hier, le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de la réforme des retraites, et nous sommes donc arrivés au terme de son cheminement démocratique".

 Emmanuel Macron s'exprimera lundi. Le président de la République prendra la parole lundi à 20 heures, a annoncé l'Elysée à franceinfo samedi. Il s'exprimera "dans une logique d'apaisement", selon Olivier Véran, pour " faire le bilan" des trois mois de crise, et "regarder aussi ce qui a avancé à côté des retraites". La Première ministre, Elisabeth Borne, doit, elle, prononcer un discours samedi après-midi au Conseil national du parti présidentiel, Renaissance, à Paris.

De nouvelles manifestations, des dégradations à Rennes. Des opposants à la réforme ont défilé à Rennes, où des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre. Une voiture a notamment été incendiée et onze personne ont été interpellées, selon France Bleu. Trois personnes étaient en garde à vue samedi à la mi-journée après d'autres incidents vendredi, et une enquête a été ouverte au sujet de l'incendie de l'entrée d'un commissariat de police du centre-ville. Samedi, des manifestants se sont aussi réuni à Bordeaux, bloquant ponctuellement des rails du tramway.

 Mobilisation le 20 avril à la SNCF. Les quatre syndicats représentatifs au sein de la compagnie ont appelé à une "journée d'expression de la colère cheminote" jeudi. Elle est présentée comme une "étape de préparation" aux manifestations annoncée par l'intersyndicale à l'occasion du 1er-Mai. La CGT a aussi évoqué des actions à venir dans tous les autres secteurs jeudi, ainsi que le 28 avril.