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"La mère des réformes n'est plus celle des retraites, mais celle de l'accès à l'emploi", estime le secrétaire général de FO

Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, estime sur franceinfo vendredi que le système universel par points ne résout pas les difficultés que les salariés peuvent rencontrer au moment de faire valoir leur droit à la retraite.

Article rédigé par franceinfo
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Yves Veyrier, le 29 avril 2021, au palais de l'Élysée. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"La mère des réformes n'est plus celle des retraites, mais celle de l'accès à l'emploi", déclare vendredi 4 juin sur franceinfo le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier, alors qu'Emmanuel Macron a déclaré jeudi, lors d'un déplacement dans le Lot, qu'il ne pensait pas que la réforme des retraites initialement envisagée "puisse être reprise en l'état".

franceinfo : Comprenez-vous que c'est aussi la fin du régime à points ?

Yves Veyrier : La mère des réformes n'est plus celle des retraites, mais celle de l'accès à l'emploi. Le système universel par points ne résout en rien les difficultés que les salariés peuvent rencontrer au moment de faire valoir un droit à la retraite. On sait qu'un salarié sur deux, au moment de liquider sa retraite, n'est déjà plus en emploi. Les difficultés - les contrats courts, les alternances entre contrats courts et chômage - que subissent plus souvent les femmes, les bas salaires, s'accumulent au terme de votre vie active et font que vous avez du mal à avoir une retraite décente. Le système actuel les compense plus ou moins bien parce qu'il est fondé sur un système par annuités, qu'on valide même quand on a des périodes d'interruption. Et il y a un système complémentaire qui est négocié entre les employeurs et les salariés, l'Agirc Arrco. Le système universel par points aurait aggravé ces difficultés. Et ces difficultés vont s'aggraver avec la crise : un rapport que vient de publier la Dares montre qu'en 2019, 4,8 millions de salariés ont signé des contrats de moins d'un mois. C'est ça qu'il faut résoudre. Si on fait en sorte que tout salarié, dès son entrée dans la vie active, jusqu'au moment de faire valoir son droit à la retraite, bénéficie d'un emploi pérenne à temps plein, on résoudra le problème du niveau de la retraite, du droit à la retraite effectif et l'équilibre financier du système.

C'est un soulagement de voir ce changement de priorités dans la tête d'Emmanuel Macron ?

Je reste tout le temps sur mes gardes. Il inverse la priorité, il dit que ce n'est plus la retraite, la mère des réformes, mais la question de l'emploi. Un vrai travail, un vrai salaire, c'est la revendication de Force ouvrière. Si le président de la République en fait son mantra, tant mieux. Cela veut dire que ce que nous disons était fondé. Je n'ai eu de cesse de débattre avec les ministres et les parlementaires qui portaient ce projet. J'expliquais qu'ils ne maîtrisaient ni le système universel de retraite par points, leur projet, ni même le système actuel.

Que peut-on attendre par la suite sur cette réforme ?

Il ne faut pas se faire leurrer. Il y a eu un débat sur systémique/paramétrique. Moi, dès le départ, j'ai expliqué que le système de retraite par points, c'était une réforme paramétrique permanente, parce qu'elle aurait permis demain au gouvernement de jouer sur les paramètres - la valeur du point à l'achat, la valeur de service au moment de revendre ses points et de les transformer en pension - pour contraindre les salariés à travailler plus longtemps pour bénéficier d'une retraite pleine, décente, ou de contraindre le niveau lui même. Quand les jeunes ont du mal à trouver un boulot, à rester dans l'emploi, que les femmes ont du mal à trouver un emploi avec un salaire correct à temps plein, pérenne, les seniors à garder leur emploi jusqu'au moment de la retraite, la priorité devrait-elle être de faire travailler, d'obliger ceux qui ont encore la chance d'avoir un emploi au moment de la retraite, de devoir travailler plus longtemps ? Là, ça serait vraiment cul par-dessus tête. Il faut améliorer les droits à la retraite. Tout le monde ne bénéficie pas d'une retraite correcte aujourd'hui, loin s'en faut. Il faut abonder le Fonds de solidarité vieillesse, venir appuyer ceux qui n'ont que des petites retraites parce qu'ils n'ont pas eu, tout au long de leur vie active, un emploi suffisant. Il faut revaloriser les petites retraites, revaloriser les pensions. Il faut préserver le pouvoir d'achat des pensions.

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