"Macron à la télé, ça va mettre le feu aux poudres" : l'attente et l'appréhension de ces Français avant l'interview du chef de l'Etat sur la réforme des retraites
Il veut "apaiser" la colère des Français, mais il estime que "la foule" qui manifeste n'a "pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus". Emmanuel Macron s'adresse aux Français lors d'une interview télévisée très attendue dans le cadre de la contestation contre la réforme des retraites. Le chef de l'État, en retrait depuis janvier sur le dossier des retraites, répondra à 13h, en direct à l'Élysée, aux journalistes Marie-Sophie Lacarrau de TF1 et Julian Bugier de France 2, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation syndicale et alors que les manifestations se sont poursuivies dans le pays.
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Reste que les Français attendent de pied ferme les explications du chef de l'Etat, notamment sur le recours au 49.3, qui cristallise de nombreuses critiques, y compris dans la majorité. Mais, comme l'a constaté franceinfo, les électeurs semblent d'ores et déjà désabusés. Comme Aline, devant l'entrée d'un supermarché de Châteauroux, derrière la gare, qui a plus la tête à sa liste de courses qu'à l'interview d'Emmanuel Macron. "Je pense qu'il n'y a pas grand-chose à attendre de son allocution. Il n'y a pas de dialogue possible avec des gens comme ça. En fait, ils ne peuvent pas comprendre ce que nous, on vit en bas. Mais bon, il nous demande des choses que lui-même ne fait pas. Sa retraite, il ne l'aura pas à 64 ans. Non, il ne peut pas comprendre", estime-t-elle.
Le pouvoir d'achat plutôt que les retraites
Une critique revient régulièrement : le président centralise la colère avec l'image d'être déconnecté de la réalité. "Il ne connaît pas le prix du steak, ni du pain. Ça a presque doublé", souligne Martine. Comme elle, de nombreux consommateurs estiment que la priorité n'était pas les retraites, mais le pouvoir d'achat.
Et malgré les aides du gouvernement, cette situation nourrit beaucoup de colère chez Stéphane, à quelques centaines de mètres d'une station-service. "Ça, c'est de l'attrape-nigaud. L'essence, le gazole, on le payait 1,20, 1,40 euro. On nous dit qu'on nous fait des réductions et on paye 1,80 euro ! Le bien-être des Français devient quand même compliqué. Même les classes moyennes maintenant ont énormément de difficultés. On est capable de débloquer des milliards pour le Covid par exemple, par contre, on n'est pas capable de nourrir les gens", s'agace-t-il. Avant de glisser que, face à ce "ras-le-bol", s'il a voté centre droit toute sa vie, Stéphane envisage désormais de se tourner vers les extrêmes aux prochaines élections.
"J'espère qu'on trouvera un terrain d'entente pour améliorer la chose"
Une attente de dialogue, d'ouverture, espérée également par les militants mobilisés contre la réforme. Ludo, grande barbe noire de hipster et chasuble rouge de la CGT, est opérateur raffinerie chez TotalEnergies à Gonfreville-l'Orcher, en Normandie. Depuis le début du bras de fer, il participe aux grèves contre la réforme des retraites, en occupant, par exemple, depuis tôt le matin un rond-point d'accès à l'une des plus grandes zones industrielles de France.
"Le président, lui, peut faire des réformes. Il a le droit, mais il ne peut pas s'en prendre tout le temps aux petits. On perd du salaire. C'est le jeu. Mais la question est jusqu'à quand ? Est-ce que ça va vraiment aboutir à quelque chose ? J'espère qu'on trouvera un terrain d'entente pour améliorer la chose. Je ne dis pas qu'il va retirer la réforme, parce qu'il a l'air têtu, mais j'espère qu'on va trouver vraiment une solution pour faire en sorte que la situation s'améliore", confie-t-il.
"Il va parler à 13 h, mais pour dire quoi ? Que c'est comme ça, et pas autrement ?"
Ludo, militant syndicalà franceinfo
En chasuble blanche de profession médicale, Tatiana Dubuc, secrétaire générale syndicat CGT dans l'Ehpad Public du Havre, se mobilise sur une action symbolique devant la gare du Havre. Elle tranche : "Je pense que Macron à la télé, ça va mettre le feu aux poudres. Il faudra peut-être faire des tables rondes. J'en sais rien, je ne sais pas comment, mais là, il est fermé. On le sent bien. Et honnêtement, son intervention, je n'en attends rien du tout."
Si l’espoir de voir Emmanuel Macron ouvrir de nouvelles discussions revient souvent, beaucoup craignent, aussi, une petite phrase ou une expression "cassante", qui serait alors vécue comme une provocation.
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