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Mobilisation contre la réforme des retraites : la gauche et l'exécutif s'écharpent à l'Assemblée nationale autour de l'action des forces de l'ordre

Face aux accusations de violences policières de la gauche, Gérald Darmanin répond que les policiers et les gendarmes "sont de véritables ouvriers de la sécurité".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député Insoumis Andy Kerbrat lors de la session des questions au gouvernement au palais Bourbon, le 21 mars 2023 (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Après l'échec des deux motions de censure déposées contre le gouvernement, la majorité et les députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) se sont vivement affrontés, mardi 22 mars, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. La Nupes dénonce notamment un "arsenal répressif", une "répression brutale" et des "arrestations arbitraires" par les forces lors des manifestations spontanées de ces derniers jours après le recours au 49.3 pour faire adopter sans vote la réforme des retraites.

>> Réforme des retraites des députés et des magistrats dénoncent des violences policières lors des manifestations

L'insoumis Andy Kerbrat, député de Loire-Atlantique, va jusqu'à donner des détails particulièrement crus sur certaines interpellations : "Je cite une victime : 'Faut que je fouille dans ta culotte, t'es sale, ça me dégoûte. Tu sens mauvais. Je vais te fouiller dans la chatte', relate Andy Kerbrat. Qui a bien pu dire ça en glissant la main dans les parties génitales d'une jeune étudiante ? Il s'agit de policiers lors d'une fouille au corps, mardi dernier dans ma circonscription."

"Le désordre, ce n'est pas les manifestations, ce ne sont pas les grèves. Le désordre, c'est vous avec votre réforme, avec vos réquisitions et votre brutalité policière."

Andy Kerbrat, député Insoumis

lors de la séance de questions au gouvernement

Gérald Darmanin se dresse devant l'élu Insoumis, appelant les députés à saluer le travail des forces de l'ordre. "Je voudrais avoir un mot pour ces 394 policiers et gendarmes blessés", lui répond le ministre de l'Intérieur. Les députés RN, LR, la majorité, se mettent debout pour rendre hommage aux blessés parmi les forces de l'ordre. Mais les parlementaires de gauche restent assis sous les huées de leurs collègues.

Une bataille de chiffres

Le ministre de l'Intérieur lève les sourcils pour se montrer dépité avant d'ajouter qu'"il n'est pas, dans l'État de droit, de s'en prendre à des bâtiments publics, de saccager des mairies, de mettre le feu à des préfectures, de jeter des cocktails Molotov sur les gendarmes et les policiers. Et je vous remercie de soutenir ces personnes qui sont de véritables ouvriers de la sécurité". S'ensuit une bataille de chiffres. La gauche dénonce 400 arrestations arbitraires, ce que critique également l'association Amnesty International France. Gérald Darmanin recense, lui, 1 200 manifestations non déclarées depuis le déclenchement de l'article 49.3. 

Pour le socialiste Olivier Faure, une réponse musclée de la police après une réforme par 49.3 peut se transformer en cocktail explosif. "Ce sont des enfants qui manifestent et qui font face à des méthodes qui ont radicalement changé depuis une semaine. Qu'attendez-vous ? Le chaos, pour incarner l'ordre ? 

"Attendez-vous un drame pour que vous conveniez enfin que vous n'avez pas de majorité sur cette réforme ?"

Olivier Faure, premier secrétaire du PS

lors de la séance de questions au gouvernement

"Vous jouez avec le feu", accuse le Premier secrétaire du PS à l'encontre de l'exécutif. La patronne des écologistes à l'Assemblée nationale Cyrielle Châtelain en remet une couche : "Vous encerclez les Français et vous mentez sans honte aux Français. Car oui, vous cherchez à rendre la rue silencieuse. Mais que vous faudra-t-il pour les écouter ? Des blessés, des morts ?" Réponse d'Élisabeth Borne. "Lorsque certains choisissent la stratégie du chaos, des cris, des injures. Comment osez-vous nous reprocher la violence dans la rue ?"

Après un affrontement sur la forme, le fond de la réforme, son examen, sa façon de la faire adopter, le bras de fer avec la gauche se déporte désormais sur la façon de gérer la crise, toujours ouverte.

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