Réforme des retraites : François Hommeril soupçonne un "artifice de communication" après les déclarations de François Bayrou
Selon le président de la CFE-CGC, la mise en garde du patron du Modem quant à une volonté de passage en force de la majorité détourne l'attention du fond de la réforme. Il rappelle que François Bayrou n'est pas contre le projet de la majorité.
Le président confédéral de la CFE-CGC s'interroge sur le but des déclarations de François Bayrou, le patron du MoDem, qui a mis le gouvernement en garde contre tout "passage en force" de la réforme des retraites dans le journal Le Parisien-Aujourd'hui en France. "Je ne vois pas vraiment ce que ça change, mis à part tout l'artifice de communication qu'il y a autour, qui prend parfois la forme d'une manipulation", déclare François Hommeril sur franceinfo, dimanche 18 septembre.
franceinfo : François Bayrou ne veut pas de "passage en force" de la réforme des retraites. Êtes-vous d'accord avec lui ?
François Hommeril : Moi, je ne veux surtout pas de réforme. C'est là que j'ai un point de désaccord avec François Bayrou, c'est que lui est d'accord sur le fond avec l'idée qu'il faut faire une réforme.
Il dit qu'il faut discuter avant mais qu'il faut faire la réforme quand même. Moi, je ne vois pas bien ce que ça change.
François Hommerilà franceinfo
Je suis en désaccord avec le fait qu'il soit nécessaire de faire la réforme que le gouvernement propose, à savoir le décalage de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans. Je pense non seulement que ce n'est pas nécessaire, preuve à l'appui. Je considère que c'est une très mauvaise chose, qu'il y a par ailleurs beaucoup de choses à faire, des ajustements, peut-être des projets qu'on pourrait développer ensemble, mais absolument pas une mesure de ce type.
Pensez-vous que le gouvernement va "passer en force" en inscrivant cette réforme dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale ?
Il y a un très très grand danger à le faire, selon cette méthode. Mais, je ne suis même pas certain que le gouvernement ait jamais eu l'intention de le faire. Sur un sujet comme ça, qui est aussi "pétatoire", il faut quand même un peu se méfier de la communication que chacun fait. Regardez un peu ce qu'il se passe. Le bruit court que le gouvernement pourrait passer en force, tout le monde s'inquiète, tout le monde s'énerve, tout le monde y va de sa menace, et tout d'un coup on a un François Bayrou qui dit "non non je ne suis pas d'accord, il faut faire la réforme quand même mais il faut prendre le temps de la discussion".
Je vous fiche mon billet que dans les semaines qui viennent des représentants du gouvernement diront 'on a entendu le message, on va quand même prendre un peu de temps pour discuter mais on va faire la réforme quand même'.
François Hommerilà franceinfo
Je ne vois pas vraiment ce que ça change, mis à part tout l'artifice de communication qu'il y a autour, qui prend parfois la forme d'une manipulation. Au final, il y a quand même une réforme dont personne ne veut et qui va se faire quand même. À force, on finit un peu par se méfier de tout s'agissant de la communication du gouvernement.
Vous allez être reçu par le ministre du Travail Olivier Dussopt lundi. Qu'allez-vous lui dire ?
Je vais lui dire qu'on arrive avec des arguments, on a des données, on a des points de vue, on représente du monde et on va lui demander quels sont ses arguments à lui. L'argument du gouvernement, on le connaît, il veut récupérer entre un et deux points de PIB pour pouvoir financer des projets qu'il ne peut pas financer sur son simple budget. Mais on n'a pas à faire payer aux salariés les projets de politique publique que le gouvernement voudrait faire. Les salariés ont assez payé depuis des années. Aujourd'hui, le niveau de vie d'un retraité, dans les projections, ne fait que baisser. C'est la conséquence des réformes déjà faites. Pourquoi leur imposer encore une réforme, alors que ce n'est en aucun point justifié et que les régimes sur lesquels nous sommes ne sont pas en péril les années à venir ? Le Conseil d'orientation des retraites dit qu'il n'y a pas de mise en péril sur le moyen ou sur le long terme, c'est très clairement écrit dans ses conclusions. Le sujet, c'est que l'Etat ne veut pas financer l'engagement qu'il a vis-à-vis des retraites de la fonction publique et donc il veut les faire financer par une réforme globale dans laquelle il va mettre à contribution les retraites du privé et ça, nous ne sommes pas d'accord parce que ce n'est pas juste.
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